Des actes de piraterie ont été encore rapportés ce mercredi en Somalie. L’instabilité politique est à l’origine d’un fléau qui se développe en Afrique, et par conséquent dans le monde. Le Nigeria et la Somalie détiennent un triste record, ils sont deuxième et troisième dans le classement mondial des actes de piraterie en mer. Quarante-deux et trente-et-un incidents y ont été répertoriés par le Bureau maritime international en 2007.
La piraterie est devenu un fléau africain. En 2007, les actes de piraterie en mer ont augmenté de 10% par rapport à 2006 dans le monde, indique le rapport annuel du Bureau maritime international. Cette hausse est directement liée à l’accroissement du phénomène sur les côtes africaines, principalement dans les régions de l’Ouest, le Nigeria, et de l’Est du continent, la Somalie. L’Afrique est la région du monde où se sont déroulés le plus grand nombre d’attaques, 120 au total. Les eaux somaliennes et nigérianes sont les plus dangereuses dans cette partie du globe. L’Indonésie, avec 43 attaques est arrivée en tête du classement des pays où sont perpétrés le plus d’attaques, suivi du Nigeria, avec 42 (12 en 2006) attaques et de la Somalie qui en a enregistré 31 (10 en 2006). Deux navires ont été encore arraisonnés ce mercredi dans les eaux somaliennes. Ce qui porte à huit, le nombre d’incidents enregistrés par le BMI, depuis le début de l’année 2008.
«La multiplication des actes de piraterie sur les côtes de ce pays tient au fait qu’il ne soit pas gouverné. Les pirates ne se sentent pas inquiétés, ils se sentent libres d’opérer parce qu’ils savent qu’ils ne seront pas punis », explique Cyrus Mody du BMI. Son organisation, qui a mis en place un système de suivi et d’alerte pour informer les navires, leur conseille de rester au moins à 200 milles nautiques des côtes somaliennes.
Des pirates aux revendications politiques
Au Nigeria, la question de la piraterie revêt une dimension plus politique. « Contrairement à la Somalie, il y a un gouvernement au Nigeria. Les actes de piraterie sont motivés par des raisons politiques, les gens souhaitent que la manière dont ils sont gouvernés change. La piraterie est un acte de revendication politique, un moyen de faire pression sur les autorités. De nombreux actes sont perpétrés par le Mouvement pour l’émancipation du Delta du Niger (MEND), mais il y a aussi beaucoup de pirates qui opèrent sous le couvert de l’organisation. Dans les deux cas, ces attaques n’en restent pas moins des actes criminels. » Les pétroliers des grandes multinationales sont les principales cibles des pirates nigérians alors que leurs homologues somaliens sont beaucoup moins sélectifs. L’objectif étant pour la majorité d’entre eux d’obtenir le paiement d’une rançon.
Pour le BMI, la seule façon de juguler le phénomène reste dans une forte mobilisation de la communauté internationale afin de « tempérer l’enthousiasme de pirates ». L’exemple du Programme alimentaire mondial dont les navires, qui transportent l’aide alimentaire, ont été souvent arraisonnés par les pirates le prouve. Leurs livraisons sont désormais protégées par des forces multinationales qui ont dissuadé plus d’un pirate téméraire. Tout comme la démonstration de force de l’armée française dans la libération des otages du Ponant et l’arrestation de six des 11 pirates, qui seront jugés en France, relativise le mythe de l’impunité.