Il est très difficile d’évaluer leur effectif, mais chaque semaine des dizaines de jeunes maghrébins partent se battre en Syrie, contre les forces de Bachar el-Assad. La plupart fait entrer sa lutte dans le cadre du djihad selon les diplomates, ce que nie la rébellion syrienne qui préfère y voir une solidarité bienveillante.
En mai dernier, l’ambassadeur syrien auprès des Nations Unies, Bachar Jaâfari, avait annoncé la capture de 26 combattants arabes, parmi lesquels 20 Tunisiens. Et chaque semaine, d’autres maghrébins sont emprisonnés, torturés, tués, sur les terres syriennes. Même si le chiffre réel de combattants maghrébins n’est pas connu avec précision, l’importance du phénomène n’est contestée par aucun expert.
Ces maghrébins seraient vraisemblablement pour une majorité des djihadistes, bien souvent issus de courants salafistes et parfois liés à Al-Qaïda. La Syrie pourrait devenir, après l’Irak, le nouveau point d’attraction pour mener la « guerre sainte » :
Al-Qaïda revendique d’ailleurs régulièrement le décès de combattants maghrébins à Homs, Alep ou Damas. Le point de regroupement des candidats au combat est la Libye, où ils reçoivent un entraînement militaire. Puis, grâce à des réseaux, ils arrivent en Syrie via la Turquie. Les rebelles syriens nient cependant tout lien avec des extrémistes islamistes, particulièrement avec Al-Qaïda.
L’impuissance de la communauté internationale favorise le djihadisme
Malgré le cessez-le-feu conclu entre les forces du régime et l’opposition armée, sous la direction de Koffi Annan, délégué de l’Onu, les combats s’intensifient. Cet accord caduc, prévoyait également la libération des prisonniers politiques, la liberté de la presse et des manifestations, ainsi que la mise en place d’observateurs de l’Onu. Les massacres continuent dans les principales villes du pays, pour un bilan actuel d’environ 20 000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). La Chine et la Russie bloquent toujours toute résolution au Conseil de sécurité de l’Onu, en dépit de la pression exercée par « Les Amis de la Syrie » comme le Maroc ou la Tunisie.
Ce que l’on a tendance à appeler trop facilement le « djihad », lui, est unilatéral, il ne nécessite pas de résolution, ni de concertation. Cette aide des jeunes maghrébins, d’Al-Qaïda ou non, est précieuse sur le court terme à la révolte. Cela pourrait en revanche entraîner un véritable chaos à terme. Ce qui est « inévitable dans le contexte actuel » selon Peter Harling, membre de l’International Crisis Groupe, dans son rapport d’avril dernier sur la crise syrienne.
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