C’est dans une ambiance très festive que les cinq lauréats de la quatrième édition du concours Harubuntu ont reçu le prestigieux Prix jeudi, à Bruxelles. Ces porteurs d’espoirs et créateurs de richesses Africains œuvrent au quotidien pour aider au développement du continent. Des personnalités exemplaires qui agissent avec peu de moyens mais font la différence.
Des applaudissements. Des éclats de rires. Des sourires. C’est avec fierté et honneur que le public accueille les cinq lauréats d’Harubuntu, inviter à monter sur scène à tour de rôle pour chercher leur prestigieux prix, jeudi, à la maison de la grande place, à Bruxelles. L’Afrique a fait un pas de plus grâce à ces africains exceptionnels. Leur combat pour développer le continent est quotidien. Ils n’ont pas hésité à nager à contre-courant pour changer les mentalités au sein de leur communauté, brisants tout les tabous qui emprisonnaient le changement.
Le blogueur ivoirien Israël Guebo a été distingué dans la catégorie communication pour avoir créé avenue 225. Un blog communautaire devenu un espace d’expression entre des jeunes de plusieurs régions qui racontent les réalités que vivent leurs concitoyens. Le jeune blogueur veut ainsi montrer à travers des articles, reportages, vidéos, « la Côte d’Ivoire telle qu’elle est » et non pas celle fabriquée par les médias dans le pays.
« Il ne faut pas croire que les Massai aiment le nomadisme »
Rompre avec le nomadisme. Tel est l’objectif du massai tanzanien, Toima Kiroya, lauréat de la catégorie société civile. A 50 ans, il mène des actions concrètes avec son épouse au sein de son village Emboreet, en développant l’accès à l’eau, à la nourriture, à l’éducation… Toima Kiroya souhaite « aider la population de son village à se sédentariser en lui apportant tout ce qu’il lui faut sur place ». Il estime que « le nomadisme est une mauvaise chose ». « Il ne faut pas croire que les Massai aiment le nomadisme, dit-il. Ils sont en réalité contraints à être nomades car ils ne trouvent pas ce dont ils ont besoin dans les zones où ils s’installent. Ce qui les condamnent à changer régulièrement de lieu. »
« Je rêve que tous les enfants de ma communauté, garçons et filles, étudient à l’école pour accéder à l’enseignement supérieur. » Ce rêve, Abdellah Adouz, Maire de Fask, petite localité du Maroc, située à 200km au sud d’Agadir, compte bien le rendre réel. Coup de cœur du jury, il mène des projets d’envergures pour permettre aux plus démunis de sortir de la pauvreté en développant l’accès à l’éducation. Il a aussi permis à de multiples femmes d’entreprendre pour subvenir aux besoins de leurs familles.
« Je n’ai rien à cacher mais tout à prouver »
Moussa Marra, maire du quatrième district de Bamako, estime pour sa part qu’il n’a « rien à cacher mais tout à prouver ». Deuxième coup de cœur du Jury, il est très engagé auprès de ses concitoyens qu’il pousse à agir eux-mêmes pour développer leur localité grâce à leur potentiel. Moussa Mara combat notamment la corruption. Et, contrairement à ses prédécesseurs, dès son arrivée à la tête de la Mairie, il prône la transparence, rompant ainsi avec les anciennes pratiques. Le malien, qui base son projet sur la confiance de ses citoyens, a aussi des ambitions politiques. Il est candidat à l’élection présidentielle.
« Un monde sans femme est un jardin sans fleur ».
« Un monde sans femme est un jardin sans fleur ». Cette expression est signée Eva Monique Ravaloriaka, Maire de Manjakandrianna, à Madagascar, lauréate de la catégorie autorité locale. Cette travailleuse acharnée, ingénieure de formation, met toute son énergie au service des plus fragiles. Elle a lancé de grands travaux pour développer sa commune en faisant travailler les femmes avec les mêmes salaires que les hommes. Une chose impensable à Madagascar où les femmes, qui restent encore sous l’autorité de leurs maris, sont considérées comme des « meubles vides », selon l‘expression du pays. Eva Monique Ravaloriaka a elle-même dû se battre pour convaincre qu’elle avait les compétences pour prendre la tête de la Mairie. Perspicace et tenace, elle a su vaincre tous les obstacles dans une société où le machisme règne en maître. Elle a dédié son prix « à toutes les femmes africaines ».
« Des Africains ordinaires qui font des choses extraordinaires »
Les porteurs d’espoirs. Les lauréats d’Harubuntu portent bien leurs surnoms. En menant des actions positives au sein de leur communauté, ils prennent ainsi à contrepied les idées reçues sur le continent. « Harubuntu qui signifie en langue kirundi « ici il y a de la valeur » a été lancé en 2007 pour changer le regard négatif portés par les médias occidentaux sur l’Afrique. C’est François Milis, fondateur et ancien secrétaire général de l’ONG Echos Communication, qui est à l’origine du concours Harubuntu, organisé en partenariat avec Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique (CGLUA), l’association panafricaine des collectivités locales.
« Nous déplorions le fait que la presse européenne décrivait l’Afrique de manière inadéquate. Avec des thèmes de prédilections comme le sida, la misère, la corruption, la guerre… », explique Jean-Pierre Elong Mbassi, président de CGLUA. Selon lui, l’Afrique a « des messages et des valeurs à transmettre au monde. Nous repérons les porteurs d’espoirs qui véhiculent des valeurs humaines ». Pour le président de CGLUA, les lauréats d’Harubuntu sont avant tout des « Africains ordinaires qui font des choses extraordinaires ». Des héros africains au service de l’Afrique.
Voir le site d’harubuntu.com/
Lire aussi : Cinq joyaux pour Harubuntu 2010