Malgré une campagne menée par certaines associations et avec un maigre soutien des autorités, les rues africaines pullulent de médicaments qui ne disent pas leurs vrais noms. Au Cameroun, au Kenya, ou Congo, comme en Côte d’Ivoire, il suffit de traverser les rues pour se rendre compte de la présence de ce fléau qui tue.
Les messages sont clairs. « Le médicament de la rue tue. La rue tue le médicament ». Ce genre d’avertissement, vous pouvez le lire dans sur des banderoles devant certaines pharmacies de Yaoundé. Mais vraisemblablement, ça ne suffit pas. Le trafic de faux médicaments continue d’enrichir les contrefacteurs au détriment de ceux qui n’ont pas les moyens ou qui sont mal informés. Une immoralité qui a des graves conséquences. Faux antalgiques, faux anti-dépresseurs, faux anti-paludéens, tous y passent.
Pourtant les comités nationaux mènent leur combat
A l’exemple de la Côte d’Ivoire qui a instauré un comité national de lutte contre le trafic illicite et la contrefaçon des médicaments, certaines mesures sont prises en Afrique pour éradiquer le fléau. Insuffisant, par rapport à l’ampleur de ce nouveau business malsain. Aucun domaine du secteur pharmaceutique n’est épargné par les trafiquants, selon les agences de lutte contre ce mal. En plein ciel ouvert, ces marchands de sommeil règnent sans scrupule sous les parasols qui animent quotidiennement les rues de ces pays. Au Cameroun on surnomme une telle vente de « pharmacie du poteau ». Au vu et au su de tout le monde. Pourtant, un rapport datant du début du mois d’août 2013, affirme que « les faux médicaments font perdre une trentaine de milliards à l’Etat » ivoirien. idem pour les autres pays.
« Pharmacie de la mort »
« Là, vous avez le diclofen fort (anti-inflammatoire, c’est le best-seller du marché. Ici, c’est du viagra dont raffolent les Camerounais », vante un vendeur de Yaoundé à l’AFP. Les faux médicaments sont vendus comme du pain. Aucune exigence. Surtout que les prix moins élevés par rapport aux vraies pharmacies, servent d’argument pour une population moins aisée. En République démocratique du Congo par exemple, les saisies régulières de ces faux médicaments ne suffisent toujours pas. Pire ! Au Nigeria, les faux médicaments et contrefaçons ont représenté jusqu’à 70% des ventes en 2002. A Yaoundé c’est monnaie courante. Ou plutôt prix choc pour médicaments mortuaires. Le phénomène progresse et représente de 20 à 25% du marché de médicament à Abidjan et dans les villes ivoiriennes, selon Parfait Kouassi, président de l’Ordre national des pharmaciens de Côte d’Ivoire de 2005 à 2012, interrogé par l’AFP.
Et plusieurs pays africains sont concernés par les statiques qui n’ont pas établi un nombre de victimes, qui restent quand-même élevé, selon les différents témoignages.
Seul des rares pays d’Afrique comme l’Afrique du Sud et dans certains cas, les Comores – selon Abdallah M’sa, qui exerce dans le milieu pharmaceutique – font exception sur le continent. Le pays de Jacob Zuma a instauré un système de contrôle performant des importations et grâce à l’industrie pharmaceutique nationale qui tient à préserver son marché.
Mais certains témoignages confirment que la tendance risque de durer longtemps. « Les médecins disent que les médicaments du marché sont dangereux, mais depuis que je viens acheter, je n’ai pas encore eu de problème », des propos d’une cliente ivoirienne rencontrée sur le marché. En attendant des mesures drastiques pour éradiquer ce commerce, la prévention reste l’élément moteur pour les différentes instances de lutte contre les médicaments illégaux et de contrefaçons.