Chaque année, bon nombre d’étudiants africains sont attirés par la France, considérée comme un Eldorado. Arrivés dans l’Hexagone, le quotidien de ces derniers ne ressemble pas au paradis rêvé. Les non boursiers se serrent la ceinture pour pouvoir payer études, logement et nourriture. Afrik.com vous raconte le quotidien entre autres d’Abdou Diouf Balder, étudiant sénégalais en Licence 3 Génie-Alimentaire, et de Sofiane Della, étudiant algérien en Master 2 Électronique. Reportage.
Paris est la ville préférée des étudiants étrangers, selon un sondage publié en 2012. Parmi ces étudiants, bon nombre d’Africains plébiscitent la France pour faire leurs études. Plusieurs paramètres justifient ce choix : la proximité géographique, culturelle et la langue française. Le coût des études, moins élevé qu’en Angleterre et aux États-Unis, est par ailleurs un argument de choix, ainsi que les prestations sociales accordées par le pays.
Pourtant, l’herbe n’est pas forcément plus verte en France. Pas, en tout cas, pour tous les étrangers qui étudient en France. Afrik.com est allé à la rencontre d’Abdou Diouf Balder (23 ans), étudiant sénégalais en Licence 3 Génie-Alimentaire et de Sofiane Della (27 ans), étudiant algérien en Master 2 Électronique. Gros plan sur leur galère au quotidien.
« On ne reçoit plus la bourse -275 euros par mois- du gouvernement sénégalais depuis septembre 2012. C’est peut-être dû à un problème de changement d’administration… », se plaint Abdou Diouf Balder. Cet étudiant sénégalais, en Génie-Alimentaire, travaille à côté pour arrondir ses fins de mois. « Je bosse dans un lycée agricole où je suis enseignant au pair. C’est-à-dire, on ne te paye pas mais, en revanche, le loyer et la pension sont gratuits », dit-il.
Le président de France formation professionnelle, le programme qui permet à tous les étudiants sénégalais de faire des études dans l’enseignement technique en France, a même été à la rencontre du président sénégalais -de passage à Paris- pour lui témoigner l’enfer que vivent ses compatriotes au quotidien : « C’est compliqué la vie ici. C’est dur. Depuis septembre, on galère. D’autres sont aidés par leurs parents. On a essayé de rencontrer Macky Sall pour lui faire part du problème lié à nos bourses ».
La galère, c’est aussi le lot quotidien de Sofiane Della. Cet étudiant algérien, en Master 2 Électronique à l’université de Bourgogne à Dijon, est arrivé en France en 2010. A l’entendre, être étudiant étranger non boursier, en France, c’est un calvaire. « Je travaille dans une station service, je suis à la caisse. Je travaille 65 heures par mois pour 500 euros mensuel. Je suis dans une chambre étudiante que je paye 110 euros par mois grâce à l’APL ». Un minimum vital qui lui suffit pour vivre, mais la galère il connait : « On n’a pas d’aides de l’État algérien, comme on est venu à titre individuel, sans passer par un échange universitaire. En France, comme on est des étudiants étrangers non boursiers, on a le droit d’une année seulement de résidence universitaire. J’ai donc galéré pour trouver une chambre ».
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Le problème des étudiants étrangers en France ne se limite malheureusement pas à toute question relative au financement des frais. Clément Dattner, qui s’occupe à l’Unef (L’Union nationale des étudiants de France) des étudiants étrangers qui rencontrent des problèmes de renouvellement de titres de séjour, fustige une administration française lourde et stricte. « Pour étudier en France, on demande à un étudiant étranger de payer minimum 100 euros pour déposer le dossier Campus France, ce qui est une fortune pour les pays africains. Puis, il faut savoir qu’un étudiant étranger n’a pas le droit de se réorienter. Il doit avoir un parcours sans faute. De plus, il ne peut redoubler qu’une fois pas deux. C’est une machine à fabriquer les sans papiers ! », s’insurge-t-il.
Retourner au pays : une solution ?
La question du retour au pays se pose un moment ou un autre pour ces étudiants africains en France.
« J’ai bénéficié d’une bourse de l’État (du Sénégal) pour étudier en France. Les compétences françaises sont connues et reconnues. J’ai envie de les faire bénéficier à mon pays. D’autant plus que le domaine de l’agro-alimentaire est très important pour le développement de l’Afrique », déclare à Afrik.com Abdou Diouf Balder.
Sofiane Della, lui, voudrait travailler en France mais il ne pourra peut-être pas. « Je fais un Master en Électronique. Chez moi, en Algérie, il n’y a pas d’emplois dans ce secteur contrairement en France. Après mes études, je n’ai pas le droit de rester en France, particulièrement nous, les étudiants algériens », nous confie-t-il.
Abdou Diouf Balder et Sofiane Della ont beau souffrir pour étudier en France, ils reconnaissent tous deux la qualité de l’enseignement français. Un critère qui éclipse souvent la dure réalité de l’Eldorado français que nous venons de vous raconter. Ce qui explique pourquoi la France reste le pays préféré des étudiants africains.