Ces Africains réfugiés en Amazonie


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Des Africains en Amazonie. Invraisemblable mais vrai. Ils seraient une trentaine à s’être frayés un chemin dans la jungle amazonienne en 2010 selon les Nations unies. L’agence de presse IPS est allé à la rencontre de Wilson Nicolas, le premier d’entre eux à s’y être réfugié.

Originaires de l’Afrique de l’Ouest, du Kenya, du Zimbabwe, de la République Démocratique du Congo (RDC), de l’Afrique australe, ils sont de plus en nombreux à fuir leur pays pour se réfugier au Brésil, dans la forêt amazonienne. Selon l’ONU, ils seraient une trentaine à y avoir demandé l’asile politique en 2010.

Cap vers Manaus

Un journaliste de l’agence de presse IPS a recueilli le témoignage de Wilson Nicolas, le premier Africain à s’être réfugié dans la région. Originaire de la RDC, il a fui la guerre entre deux tribus rivales de la région de l’Equateur, province du Congo. Il y avait été envoyé en tant que spécialiste en géologie par le gouvernement pour organiser la répartition des terres et des vivres. Mais les choses ont mal tourné. « Quand nous y sommes arrivés, nous avons essayé d’amener la réconciliation entre les tribus, mais une guerre sur la répartition des terres a éclaté », explique-t-il. Le conflit s’est intensifié rapidement, impliquant des groupes lourdement armés. Accusé d’être un espion du gouvernement, il a dû fuir vers la jungle. « J’ai marché pendant des jours et des semaines, mes pieds étaient tous gonflés, confie-t-il. Il y avait tellement de gens qui fuyaient, des enfants et des mères avec des bébés ».

Après qu’un contact lui ait promis un emploi, Wilson Nicolas décide de se rendre au Brésil, à Sao Paulo, à la fin de l’année 2009. Il découvre à son arrivée après que la promesse d’embauche est fausse. Il se dirige alors vers une autre destination et se rend à Manaus, la capitale de l’Etat d’Amazonas, la plus grande ville d’Amazonie, dans le nord. Il y est finalement secouru par La Pastoral do Migrante, une organisation catholique, qui vient en aide aux migrants et réfugiés. Il décide de déposer une demande d’asile auprès de la police fédérale et du Comité national brésilien pour les réfugiés, qui l’approuve.

« J’ai beaucoup souffert d’être séparé de ma famille »

D’après Luiz Fernando Godinho, porte-parole du bureau local du Haut Commissariat des Nations unies, « la région qui accueille en général davantage de personnes venues d’Amérique du sud, comme des Colombiens et des Boliviens, a commencé à voir un afflux d’Afrique ». Selon lui, « c’est un changement petit et discret, mais nous avons commencé à le remarquer il y a deux ans ».

Quant à Wilson Nicolas, qui aujourd’hui parle plusieurs langues comme le lingala, une langue bantoue parlée dans le nord-ouest de la RDC, le français, le swahili, l’anglais et le portugais, il vit dans la nostalgie. « J’ai beaucoup souffert d’être séparé de ma famille », souligne-t-il. Mais il n’a pas les moyens de voyager pour les revoir, et rien à leur offrir à Manaus. Formé à la géologie, il n’arrive pas à trouver du travail dans son domaine, n’ayant pas ses diplômes avec lui pour valider ses études universitaires. Mais il espère bien « trouver un emploi et gagner la stabilité dans sa vie ». Un emploi qui lui donnerait la possibilité de retrouver un jour les siens.

Wilson Nicolas a ainsi ouvert la voie a d’autre réfugiés africains, qui désormais n’hésitent plus à tenter leur chance dans la jungle amazonienne. Selon l’ONU, 700 autres demandeurs d’asile de différentes nationalités attendent une réponse du gouvernement pour s’installer dans la région.

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