Centre « Jeunes Jardiniers » de Dédougou : la maison de l’espoir


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Le Centre « Jeunes Jardiniers » de Dédougou, au Burkina Faso, accueille des jeunes âgés de 13 à 17 ans issus des milieux les plus défavorisés de la région. Né à l’initiative du Frère Serge Redureau, de la Congrégation St Vincent de Paul, ce centre qui est aujourd’hui géré par le Frère Iann de Penfentenyo offre une seconde chance à des adolescents burkinabé grâce à l’instruction et à la formation.

Le centre « Jeunes Jardiniers » est une étape pleine d’espérance pour les adolescents les plus défavorisés de Dédougou, une ville de 40 000 habitants située à 240 km à l’Ouest de la capitale Ouagadougou, au Burkina Faso. Né à l’initiative du Frère Serge Redureau de la congrégation St Vincent de Paul (la communauté est installée depuis 50 ans au Pays des Hommes intègres), aujourd’hui à la retraite, ce centre de formation et de réinsertion sociale, ouvert à tous, a été crée en 1981. « A son arrivée, le Frère Serge s’est très vite préoccupé de la situation des jeunes en discutant avec les plus âgés qui lui ont confirmé que ces derniers étaient complètement désœuvrés pendant la saison sèche, raconte le Frère Iann de Penfentenyo qui a pris la suite du Frère Serge au Burkina. Il a donc fait l’acquisition d’un terrain, le futur espace où ces adolescents pourraient acquérir certaines valeurs, s’occuper, s’instruire et apprendre un métier ». Tout a commencé par le jardinage, d’où le nom de l’institution, puis l’apprentissage s’est étendu à d’autres métiers « pour permettre aux jeunes de s’ouvrir à d’autres réalités ».

En faire des hommes responsables et courageux

Au début de l’aventure, ces enfants, souvent abandonnés, orphelins ou issus de familles démunies, n’étaient que quelques uns à fréquenter le centre. Mais le bouche à oreille a fonctionné. Agés de 13 à 17ans, ils sont, chaque année, entre 40-45 à vivre au « Jardin ». Ils y suivent une formation de trois ans dans le domaine de l’agriculture – maraîchage et élevage – de la menuiserie, de la mécanique et de la maçonnerie complétée par un programme d’alphabétisation et une remise à niveau scolaire. Pendant leurs vacances, qui coïncident avec la saison des pluies, ils peuvent aider leurs parents. A leur sortie du centre, plusieurs options s’offrent aux adolescents. « Nous avons des jeunes qui s’investissent dans les métiers qu’ils ont appris au centre à Dédougou, à Bobo (la deuxième ville du pays, ndlr) ou ailleurs. D’autres passent des concours parce qu’ils ont reçu au centre un bagage intellectuel suffisant: il y en a un, par exemple, qui est devenu gendarme, deux autres sont devenus garde-forestiers, d’autres encore militaires ou agents de santé…Enfin, certains se sont engagés dans la vie sociale pour servir leur communauté. L’idée du frère Serge était de faire de ces jeunes des hommes courageux et responsables ». Et tout est mis en œuvre par l’équipe d’animation du centre composé du Frère et des trois moniteurs burkinabés qui sont eux aussi passés par le centre quand ils étaient plus jeunes.

Les jeunes arrivent à 7h au Jardin. Chacun d’eux effectue le travail qui lui a été confié : nourrir le bétail, arroser les plants… A 7h45, ils mangent. « C’est important pour eux parce qu’ils ne se nourrissent pas toujours très bien chez eux et qu’ils doivent fournir un certain effort physique», précise le Frère Iann. Aux alentours de 8h, certains vont en classe, d’autres vont suivre les ateliers pendant que leurs camarades surveillent le troupeau ou s’occupent des plants. Deux heures plus tard, les activités des différents groupes d’adolescents sont permutées. L’après-midi est, quant à elle, consacrée à des exercices pratiques sur les quatre hectares dont dispose le Jardin. Une plantation divisée en deux : la partie communautaire et les parcelles individuelles. « La partie communautaire, explique le Frère Iann, permet aux enfants de travailler pour le bon fonctionnement du centre car l’argent des ventes est investi dans l’amélioration de leur cadre de vie ».

« Il faut que l’amour circule »

Ce à quoi s’emploient également de nombreux bienfaiteurs, notamment la Fondation Raoul Follereau qui soutient le centre dans son action en faveur de l’enfance en détresse. Même si la volonté du Jardin est de gagner en autonomie grâce au développement de sa production. « Cela les stimule beaucoup, poursuit le religieux, parce qu’une saine émulation naît parmi eux. On a envie d’avoir des vêtements aussi beaux que son camarade qui se les est offert grâce à la vente de ses choux. Nous essayons aussi de les sensibiliser au fait que leur récolte peut aider leurs familles. C’est important. Cela permet de récréer des liens avec les parents qui sont fiers de leurs enfants. J’ai reçu un enfant de 15 ans qui m’a expliqué que, pendant 6 ans, son père ne lui avait donné qu’un repas par jour. Bien évidemment, il détestait son père. Mais au bout de 6 mois, un changement s’est opéré. Car, quand il a commencé à ramener un peu de légumes et un peu d’argent, les rapports avec sa famille se sont améliorés. Le père et le fils étaient mutuellement contents l’un de l’autre. »

Au centre, les adolescents apprennent également à devenir autonomes financièrement et à faire des économies. « Si tu veux des graines pour tes choux la prochaine fois, il faut mettre de côté l’argent issu de la vente de ta récolte », leur dit-on. Les jeunes apprennent aussi à se construire humainement aussi : les responsables du centre essaient de développer chez eux le sens des responsabilités à travers les différentes tâches qui leur sont confiées. Comme lors des rondes qu’ils effectuent, en équipe, la nuit et le week-end, pour surveiller la plantation. « J’ai découvert un jeune de 14 ans qui mendiait avec sa mère en haillons. Je lui ai proposé de venir au centre d’où il est sorti depuis 5 ans. Maintenant il travaille. Il a construit sa maison et habite avec sa mère, qui ne mendie plus, et son petit frère qu’il a scolarisé. Et quand je dois rendre service à quelqu’un dans le besoin, il vient m’aider à son tour ». Tout cela met beaucoup de baume au cœur du Frère Iann de Penfentenyo. Ce Breton de 43 ans, ancien officier dans la marine nationale française, arrivé au Burkina Faso en janvier 1996 pour servir sa communauté, n’a en réalité qu’une seule véritable satisfaction. Celle « de voir des gens, qui vivaient dans une certaine misère, retrouver goût à la vie, la joie dans leur famille, se prendre en charge et offrir une main secourable à leur prochain. Il faut que l’amour circule. » Et il circule bien au Jardin.
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