Cela fait exactement un mois, jour pour jour, que la coalition Séléka a pris les rênes du pouvoir en République centrafricaine après avoir renversé le général François Bozizé, le 24 mars 2013. Seulement, jusque-là, Séléka ne contrôle plus rien.
(De notre correspondant)
24 mars 2013 – 24 avril 2013, voilà exactement un mois que la rébellion de Michel Djotodia, la Coalition Séléka, s’est emparée du pouvoir en République centrafricaine. Elle a ainsi renversé le régime du général François Bozizé.
Tout le monde semble d’accord pour ne jamais regretter le départ précipité de Bozizé. Justement parce que si François Bozizé en est arrivé là, non seulement il ne peut « s’en prendre qu’à lui-même » pour son entêtement, comme lui reprochent ses paires et ses proches, mais également parce que les sinistres découvertes d’organes humains à Sassara et à Bossembélé, ainsi que dans son bureau du palais de la renaissance ne sont pas favorables à sa bonne augure.
A cet effet, le défi devrait normalement être relevé par les nouvelles autorités d’après 24 mars, avec à leur tête, Michel Djotodia, patron de la coalition Séléka. Malheureusement, force est de constater que Séléka ne contrôle plus rien. À commencer d’abord par le pouvoir pour lequel il s’est évertué quatre mois durant dans la forêt pour l’obtenir après d’importante perte en matériels et vies humaines dans les combats. Ce pouvoir est désormais sous contrôle de la Ceeac (Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale) qui, ostensiblement dicte, ou du moins gère toute la politique en République centrafricaine en ce moment.
Cette institution sous-régionale a commencé par remettre en cause la légitimité de Djotodia qui s’est auto-bombardé président de la République. Puis, contre toute attente de Séléka, le pouvoir doit être géré par le Conseil national de transition (CNT) dont il ne sera que parti-prenante. D’ailleurs le quatrième sommet extraordinaire de la Ceeac qui s’est tenu à Ndjamena le 18 avril dernier a exigé l’élargissement de la liste des autres entités sous-représentées dans la configuration du CNT et non la Séléka déjà estimé suffisamment représenter.
Par ailleurs, l’énorme défi que Séléka a en face aujourd’hui reste celui de la sécurisation du territoire. Un véritable casse-tête chinois pour Michel Djotodia. Les combattants de cette rébellion ont démontré leur limite en ce qui concerne la notion de l’Etat. Ce sont eux-mêmes qui se livrent aux actes de violence et de pillages contre la population civile qu’ils sont censés gouverner. Aujourd’hui, dans la capitale centrafricaine, Bangui, l’insécurité bat le pavé. Et pourtant, dans son premier discours à la nation, Djotodia s’est engagé à restaurer la sécurité dans un bref délai. Aujourd’hui, il ne se passe pas un seul jour sans que les éléments du Séléka pillent, tuent ou braquent des personnes. Pas plus tard qu’hier, 23 avril 2013, aux environs de 15 heures, un conducteur de taxi moto a été froidement abattu dans le 8ème arrondissement par ces « engins de mort », comme les a appelés l’évêque de Bossangoa.
Malheureusement devant cette situation, les autorités, en particulier le président Djotodia, ne sont pas en mesure de rétablir l’ordre. Les mesures qu’elles prennent pour rétablir la sécurité, se sont révélées inefficaces et vaines. Cette situation d’insécurité n’est pas sans conséquence sur la relance économique. La relance du pays tant souhaitée par le président Djotodia est loin d’être effective. Alors qu’il a demandé aux fonctionnaires et agents de l’Etat de reprendre le travail, voilà que jusqu’à aujourd’hui, l’administration reste déserte. Personne n’ose sortir de chez lui, de peur que les éléments du Séléka le violentent. A cela s’ajoute le fait que les bureaux ont été pillés.
Le secteur privé qui tente tant bien que mal de se relancer n’a pu à cause des agressions permanentes des éléments du Séléka sur la population civile. Les commerçants qui s’efforcent dans la peur, d’animer la vie socioéconomique, sont constamment visités par ces hommes toujours armés. En plus de cela, l’année académique 2012-2013 est en passe d’être déclarée une année blanche, étant donné que sur 9 mois, déjà 5 sont absorbés par la période de la crise du séléka et que jusque-là, il n’y pas une étincelle de reprise. Les tirs sporadiques et des tueries barbares n’ont pas permis aux parents d’élèves de laisser leurs enfants aller à l’école.