Les résultats du premier tour des élections législatives en Centrafrique sont enfin connus. La grande leçon de ce scrutin réside dans l’effritement des partis traditionnels en faveur de candidats sans étiquette. Mais dans cette scène politique centrafricaine encore mouvante, certains tirent plus que d’autres leur épingle du jeu. Et pour le nouveau pouvoir, l’enjeu est de taille : l’obtention d’une majorité confortable pour Faustin-Archange Touadéra, le président fraîchement élu, afin de lui permettre de mener à bien sa politique.
L’Autorité nationale des élections (ANE) a rendus publics, mardi 23 février, les résultats provisoires du premier tour des législatives centrafricaines. Sur les 140 circonscriptions, 46 ont vu leur député élu dès le premier tour. Mais d’ores et déjà un certain nombre de tendances fondamentales se dessinent qui pourraient façonner la vie politique centrafricaine dans les prochaines années.
Le MLPC en tête des partis traditionnels
A l’occasion de ce premier tour des législatives, le MLPC tire son épingle du jeu. De l’ensemble des partis traditionnels, il est celui qui compte le plus d’élus dès le premier tour, 5 au total. Au-delà du MLPC, dont l’apport a été non négligeable dans la nette victoire de Faustin-Archange Touadéra lors du second tour de l’élection présidentielle, la CRPS, le parti de Nicolas Tiangaye, l’ex-Premier ministre de la Transition, allié au MLPC, pourra elle aussi compter sur plusieurs députés à l’issue de ces législatives.
Dologuélé à la peine
Révélation de ce premier tour : Michel Amine et son parti fraichement créé, l’UNDP, qui parviennent à obtenir 4 députés. Viennent ensuite le KNK, l’ancien parti de François Bozizé, et l’URCA, le parti d’Anicet George Dologuélé, qui comptent chacun trois députés. Le finaliste malheureux de l’élection présidentielle se trouve toutefois dans une situation délicate dans sa circonscription de Bocaranga 1. Il est en effet contraint à un deuxième tour périlleux par un candidat MLPC. Seules quelques dizaines de voix séparent jusqu’à présent les deux hommes.
Du coté du RDC de Désiré Kolingba, arrivé troisième lors du premier tour de l’élection présidentielle, c’est aussi la douche froide. Le choix opéré en faveur de Dologuélé lors du second tour de la présidentielle n’a été que partiellement suivi par la base et la contestation gronde chez certains cadres du parti.
Selon certains observateurs de la vie politique banguissoise, on pourrait assister prochainement à une scission de ce parti. Idem du côté du KNK. Bertin Béa, son secrétaire général, a certes été élu dès le premier tour. Mais l’essentiel de la base du parti a porté son choix sur Touadéra lors de la présidentielle.
Montée en puissance des candidats indépendants
La grande leçon du scrutin demeure finalement le recul relatif des partis traditionnels au bénéfice de candidats indépendants. En effet, la plupart de ceux qui ont été élus dès le premier tour sont sans étiquette. « On assiste à une redistribution des cartes dans le jeu politique centrafricain avec une injection de sang neuf », note Antonin, un étudiant qui réside au quartier Combattant à Bangui.
Pour constituer sa majorité, le nouveau président centrafricain aura donc besoin non seulement de ses soutiens les plus solides au sein des partis traditionnels, à l’instar de Martin Ziguélé et de Jean-Serge Bokassa (arrivés respectivement 4ème et 5ème de l’élection présidentielle), mais également de l’appui d’une majorité de candidats indépendants. Réponse le 27 mars, date évoquée pour la tenue du second tour des législatives en République centrafricaine.