Centrafrique : « Si Bozizé refuse de partir, c’est l’affrontement ! »


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Lydie Boka

Le gouvernement sud-africain de Jacob Zuma a procédé à l’envoi de troupes pour renforcer le régime de François Bozizé, menacé par les rebelles du Séléka. 200 soldats sud-africains sont déjà sur place en Centrafrique et le président Zuma ajoute que 400 troupes seront déployés sur le terrain. Selon un porte-parole du Ministère des Affaires étrangères, les troupes supplémentaires devront assurer la protection des membres de l’armée sud-africaine déjà en place pour former les forces militaires centrafricaines. Contactée par Afrik.com, Lydie Boka, manager du site Strategico.fr, nous explique que l’Afrique du Sud, soit la meilleure armée africaine, change le rapport des forces et souligne, en cas d’échec des négociations à Libreville, on se dirigerait tout droit vers une guerre régulière. Interview.

Les rebelles du Séléka détiennent désormais les 75% du territoire centrafricain. Ils ont même osé braver partiellement l’ultimatum de la Force multinationale d’Afrique centrale (FOMAC) en s’approchant de près, à 12 km, de Damara, ligne rouge à ne pas franchir fixée par le Tchad. Les assaillants possèdent par ailleurs Bambari, une ville de 41.000 habitants. A la veille de l’ouverture des négociations, chaque partie campe sur ses positions, comment interpréter ce blocage ? 3 questions à Lydie Boka, spécialiste de la Centrafrique et manager du site Strategico.fr.

Lydie Boka
Afrik.com : Les rebelles du Séléka veulent exclure François Bozizé des négociations et, viennent encore de prendre deux villes. Qu’est-ce qu’ils veulent exactement ?

Lydie Boka :
Les rebelles réclament le départ de Bozizé. S’ils ont pris les villes de Alindao et Kouango c’est pour conforter leurs positions, et ainsi avoir plus de poids lors des négociations de Libreville. Ils ne font pas confiance au président centrafricain. Qui, lui-même, a fait appel au renfort de l’Afrique du Sud, la meilleure armée africaine. L’arrivée de l’Afrique du Sud, avec ses 400 hommes débarqués entre samedi et dimanche, change le rapport des forces. Les rebelles ont déjà pris 75% du territoire, ils contrôlent même Bambari, une ville de 41.000 habitants. Mais, ils sont de toute façon contraints de négocier sinon ce serait vu comme un manque de coopération.

Afrik.com : Si les négociations échouent, peut-on s’attendre à une guerre civile ?

Lydie Boka :
Chaque partie campe sur ses positions. Les rebelles du Séléka exigent le départ de Bozizé. Le président insiste pour rester au pouvoir. Ils ne sont plus qu’à 12 km de Damara et ce, malgré l’ultimatum de la FOMAC. Ce contexte peut aboutir à un clash. C’est encore trop tôt pour parler de guerre civile. La nouvelle crainte résulte du nouveau rapport de forces. Les milices pro-présidentiels ont laissé place aux militaires Sud-Africains. En cas d’échec des négociations, on pourrait s’attendre à une guerre ordonnée, à la régulière.

Afrik.com : De quelle nature, un affrontement opposant l’armée centrafricaine renforcée par des militaires Sud-Africains contre la rébellion ?

Lydie Boka :
Oui. Si Bozizé refuse de partir, c’est l’affrontement ! Les choses peuvent aller jusqu’à l’affrontement car les rebelles n’auront plus rien à perdre. S’ils ont pris les armes ce n’est pas pour entrer dans le gouvernement au pouvoir.

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