Les Centrafricains ont voté, dimanche, pour le premier tour des élections présidentielles et législatives. Les observateurs n’ont pas noté d’incident majeur, mais plusieurs fraudes auraient été relevées. Aucune tendance n’est disponible pour le moment, mais d’aucuns donnent le Président sortant François Bozizé gagnant.
Premières élections générales depuis le coup d’Etat de 2003. Après plusieurs reports, les Centrafricains se sont enfin rendus aux urnes, dimanche, pour le premier tour des élections présidentielles et législatives. Ils se seraient même déplacés en nombre, acceptant parfois une longue attente pour voter. Dans l’ensemble, les observateurs estiment que les scrutins se sont déroulés dans de bonnes conditions. Toutefois, des fraudes ont été constatées.
Le Président sortant François Bozizé, qui a pris le pouvoir par la force, mais sans effusion de sang, des mains d’Ange-Félix Patassé en mars 2003, s’est représenté face à dix autres candidats pour la magistrature suprême. Parmi eux, certains paraissent constituer de sérieux adversaires pour le Président-général Bozizé : son vice-président Abel Goumba, l’ancien chef de l’Etat André Kolingba, l’ex-Premier ministre Jean-Paul Ngoupandé et Martin Ziguélé, dernier Premier ministre d’Ange-Félix Patassé. Côté législatives, on comptait quelque 900 postulants pour les 105 sièges de députés à pourvoir.
L’affluence semble avoir été au rendez-vous. Les élections « ont été caractérisées par une forte participation des électeurs tant à Bangui qu’en province », a assuré dimanche à la presse Jean Willybiro Sako, président de la Commission électorale mixte indépendante (Cemi). Toutefois, il n’est pas encore possible de déterminer quelle est la proportion du million et demi d’électeurs qui ont fait le déplacement, car la Cemi n’a pas encore de chiffres précis concernant les taux de participation. Mais Pierre Dedato, attaché de presse de la Cemi, a indiqué ce lundi soir à Afrik.com que le taux pourrait atteindre les « 80% ».
Fraudes relevées
Jean Willybiro Sako a par ailleurs salué les votants pour leur « détermination à accomplir leur devoir de citoyen qui s’est traduite par leur patience, leur discipline, dans des files d’attente, souvent sous un soleil accablant ». D’autant plus que, dans plusieurs bureaux de vote de la capitale, notamment, des retards dans le démarrage des opérations ont été constatés. Ces retards, qui allaient parfois jusqu’à plusieurs heures, étaient principalement dus à des problèmes d’acheminement du matériel.
L’Agence France Presse (AFP) explique que l’Agence internationale de la francophonie et l’Union européenne n’ont relevé aucun incident majeur dans le déroulement des scrutins. Un sentiment partagé par Jean Willybiro Sako, qui a déclaré que « globalement, ces élections peuvent être considérées comme positives ». Mais certains électeurs ont vu les portes des bureaux de vote se fermer devant eux alors qu’ils n’avaient pas encore voté. Un pourcentage infime selon Pierre Dedato, qui souligne que « pratiquement tous ceux qui avaient une carte ont pu voter ». L’AFP rapporte par ailleurs des cas de fraudes. « Une vingtaine de personnes ont ainsi été arrêtées, dont certaines en possession de plusieurs centaines de cartes d’électeurs à proximité d’un bureau de vote de la capitale. Des électeurs ont été également appréhendés après avoir voté plusieurs fois dans le 5ème arrondissement, a indiqué un membre de la Cémi. Plusieurs électeurs se sont par ailleurs plaints de trouver leur nom sur les listes, déjà émargés, alors que leur carte d’électeur montrait qu’ils n’avaient pas encore voté », précise l’agence.
Matériel électoral saccagé à Paris
D’autres incidents se sont produits en France, où les Centrafricains de l’étranger devaient voter. Jean Willybiro Sako a expliqué que le scrutin a été annulé à Paris car certains électeurs qui n’avaient pas été inscrits sur les listes ou qui n’avaient pas de carte, et qui ne pouvaient donc pas voter, ont détruit le matériel électoral. En revanche, les élections se sont bien passées à Lyon et à Bordeaux.
Les opérations de dépouillement étant terminées, l’heure est maintenant au comptage des voix. « Nous en sommes au comptage des voix de 4 143 bureaux de vote afin de donner des résultats partiels. Les résultats définitifs devraient tomber dans une quinzaine de jours », nous a expliqué Pierre Dedato. Mais certains analystes locaux, alors qu’aucune tendance n’est encore disponible, donnent d’ores et déjà François Bozizé gagnant de la présidentielle. Alors qu’il glissait son bulletin dans l’urne, ce dernier a d’ailleurs déclaré : « C’est un événement inédit en République centrafricaine (RCA), une démocratie véritable s’instaure en RCA. J’y ai contribué énormément et je peux en être fier. » Les Centrafricains devraient se rendre à nouveaux aux urnes pour le deuxième tour dans un mois environ, à partir de l’annonce des résultats officiels du premier scrutin.