Après les pasteurs des églises évangéliques et protestantes, le Noce Apostolique, les évêques et prêtres de l’église Catholique, Michel Djotodia a rencontré mercredi 29 mai 2013, tous les imams de Bangui. A la différence des précédentes rencontres, le dirigeant centrafricain n’a pas été tendre avec ses pairs musulmans qui prétendre s’accaparer la victoire de la séléka et sa prise du pouvoir.
(De notre correspondant à Bangui)
Occulter les vrais problèmes du peuple en se cloîtrant dans des justifications permanentes peut paraître une aberration politique. Et pourtant, cela vaut la chandelle en ce qui concerne la situation actuelle en République centrafricaine suite aux débordements confessionnels ostensibles apparus dans les mouvements du coup de force politique du 24 mars 2013. Le président de la transition centrafricaine, Michekl Djotodia, s’est vu contraint de déployer le plus possible ses forces pour formater les esprits à ce sujet, avant de dérouler sa vision politique.
Entretiens religieux
C’est en cela que se justifie les nombreuses rencontres que le président tient en ce moment avec les protagonistes religieux de cette situation. Le week-end dernier, le président a rencontré le Noce Apostolique de Bangui, et avec le représentant du Pape, Michel Djotodia a tenté de convaincre l’Etat centrafricain respectera le principe de laïcité. Ces rencontres interviennent après les pillages ciblés contre les Eglises catholiques et autres exactions perpétrées par les ex-combattants de la séléka. Depuis l’avancée de séléka de la province vers la capitale, les biens de l’église catholique sont pillés et les chrétiens sont systématiquement visés. Mardi dernier encore, le président a élargi la rencontre avec tous les responsables ecclésiastiques dont des évêques et des prêtres de l’église catholique devant qui, Djotodia, la main sur le cœur jure de préserver la laïcité de la Centrafrique.
Les Eglises protestantes n’ont pas été épargnées. L’une d’entre elle a été la cible d’une roquette dans le 4ème arrondissement de Bangui, faisant des morts et des blessés. C’est en cela que se justifie la rencontre exclusive du président avec les pasteurs.
Rencontre ferme avec les imams
Michel Djotodia a initié une nouvelle rencontre avec tous les imams de la ville de Bangui, mercredi 29 mai 2013, dans la salle de cinéma du Palais de la Renaissance. A la différence des précédentes rencontres où Djotodia avançait des propos conciliants, cette dernière entrevue a été marquée par des paroles fermes servant parfois de mise en garde formelle à tous les responsables musulmans de la RCA. « La République centrafricaine est un pays laïc et le restera », a-t-il précisé au début de la réunion. Et d’ajouter : « J’ai appris que certains musulmans disent que c’est leur tour qui est arrivé. Ce sont bien ceux-là qui commettent des actes odieux au nom de la séléka. Dorénavant, celui qui sera surpris en posant tel ou tel acte, répondra de son forfait devant la justice de notre pays ». Le président a reconnu que des dérapages d’ordre confessionnel ont été enregistrés avec la rentrée de la séléka à Bangui et promet de mettre fin, le plus rapidement possible, à tout débordement et comportements velléitaires.
Entre temps, alors que Djotodia consacre tout son temps dans ce jeu de justifia permanent, les vrais problèmes du centrafricain demeurent tels. La situation sécuritaire en dépit des efforts en cours reste précaire avec des pillages, tirs d’armes et assassinats sporadiques. Une stabilisation sociopolitique qui tarde à venir. La situation économique chaotique qui bloque la relance du pays sur tous les plans. Les Centrafricains se demandent quand prendra fin cet épisode de conflits religieux afin que Djotodia puisse se consacrer aux réels problèmes du peuple ?