Le président centrafricain de la transition, Michel Djotdia a remis officiellement à l’Unicef plus d’une cinquantaine d’enfants soldats enroulés dans les rangs de la coalition de la rébellion Séléka. Jeudi 30 mai, le Représentant de l’ONG à Bangui, M. Souleyman Diabaté a reçu ces enfants au Camp de Roue, en présence de Mme Margaret Vogt, Représentante Spéciale du Secrétaire général de l’ONU en République centrafricaine.
(De notre correspondant)
L’Unicef a identifié des enfants soldats dans les rangs de la coalition des rebelles Séléka. Alors qu’au vu des textes encore en vigueur en République centrafricaine et les Conventions relatives aux droits de l’enfant ratifiées par ce pays, il est inadmissible de voir des mineurs porter des armes et combattre aux côtés d’une quelconque force fusse-t-elle régulière ou de la rébellion. Or, c’est bien évidemment ce qu’a connu la République centrafricaine avec la rébellion de la Séléka. Ils sont déjà au nombre de 41 enregistrés par l’ONG et 70 selon le ministre d’Etat à la communication, M. Christophe Gazam-Betty les enfants enrôlés dans les rangs des combattants.
La situation est grave, puisque l’Unicef s’est saisie du dossier. A la suite de son constat, l’institution internationale de défense des droits de l’enfant a lancé avec l’aval du gouvernement centrafricain, une vaste campagne d’enregistrement et de séparation de ces enfants forcés de combattre aux côtés des rebelles. Le but est de mettre ces mineurs à l’abri et de sauver leur avenir. L’opération d’enregistrement a été lancée le lundi 27 mai par l’Unicef où, selon M. Souleyman Diabaté, « 41 enfants sont déjà enregistrés et jusqu’aujourd’hui, nous avoisinons la centaine ». Le ministre d’Etat à la communication, M. Christophe Gazam-Betty a confirmé que 70 enfants étaient déjà enregistrés.
A en croire un expert de l’Unicef, positionné sur les opérations d’enregistrement, « nous procédons d’abord à une identification individuelle des enfants, à base d’une fiche individuelle. Après, nous les regroupons tous sur un site où ils auront à manger, à s’habiller, à dormir ». Il a précisé qu’aucune indemnité ou salaire ne sera donné aux enfants, à part les conditions essentielles de subsistance ; à moins que cela soit pris en charge par les autorités de la Séléka. Tout ceci, n’est qu’une première phase a-t-il signifié, et d’ajouter que la deuxième phase consistera à demander à chaque enfant, une fois sur le site de cantonnement, « son projet de vie (qui voulait-il devenir dans la vie ?) », afin d’une orientation objective vers la réinsertion socioprofessionnelle. La priorité sera alors accordée à la scolarisation. Et dans cette deuxième phase, l’Unicef déclenchera le processus de réinsertion familiale de ces enfants. D’ores et déjà, M. Diabaté a annoncé pour demain, samedi, la première remise des enfants de Gordile (ville du nord-est).
Madame Vogt, après une discussion à huit-clos avec le président Michel Djotodia, s’est réjouie de ce que le gouvernement a pris la mesure du problème, et a créé les conditions pour que l’Unicef travaille en toute quiétude sur le dossier. « C’est une chance de plus d’avoir sauvé l’avenir de ces enfants », a-t-elle avoué à la sortie de cet entretien. Quant au chef d’Etat centrafricain, il a justifié la présence de ces enfants dans les rangs de la Séléka par le fait que « tout le monde voulait intégrer cette rébellion, c’est pourquoi, malgré que nous ayons pris soin de renvoyer ces enfants, quelques rares y sont restés jusqu’à Bangui », et d’ajouter, « pour certains, ils ont un âge avancé, mais ils sont de petite taille. Ce qui fait croire aux gens qu’ils sont mineurs. Seule l’identification de l’Unicef nous permettra d’en savoir exactement ».
Le président a fini par se réjouir de cette initiative de l’Unicef qui, selon lui, garantira l’avenir de ces enfants qui rejoindront leurs familles respectives. Tout compte fait, l’enfant reste l’unique fibre pour la relève, a-t-il souligné. C’est pourquoi, à cause de sa fragilité cognitive aux manipulations des politiques, il doit être protégé, a-t-il ajouté.