Le président autoproclamé de la transition, Michel Djotodia s’est finalement plié aux exigences du Sommet de N’Djamena, au Tchad, orchestré par le chef d’Etat tchadien Idriss Déby. Comme François Bozizé avant lui, le nouvel homme fort de la Centrafrique, chef de la rébellion Séléka, va-t-il commettre les mêmes erreurs que son prédécesseur ? Edito.
Michel Djotodia, de président autoproclamé à président renversé ? La question mérite d’être posée d’autant que le président autoproclamé de la Centrafrique est arrivé au pouvoir par la force, et ce grâce à l’indulgence au mieux au pire la complicité du Tchad. Comme son prédécesseur, il se plie désormais aux injonctions des chefs d’Etat de l’Afrique centrale (Ceeac), au premier rang desquels figure le dirigeant tchadien Idriss Déby.
L’histoire semble se répéter. François Bozizé, renversé par la rébellion Séléka dimanche 24 mars, est lui même parvenu au pouvoir par l’appui d’une coalition de plusieurs rebelles. Et, il a dirigé pendant dix ans la Centrafrique d’une main de fer en verrouillant tous les pouvoirs. Du coup d’Etat, au népotisme à l’oligarchie, s’il a tenu une décennie malgré les rébellions annuelles, c’est au Tchad qu’il le doit, le pays qui lui a fourni une large partie de sa garde présidentielle.
Le Tchad est incontournable, omniprésent et omnipotent en Centrafrique. Ainsi, l’histoire de Bozizé et de Djotodia se croise. Si le nouveau président autoproclamé de la Centrafrique a renversé son prédécesseur, c’est parce que la Fomac (Force multinationale d’Afrique centrale), garnie essentiellement des soldats tchadiens, a levé la ligne rouge fixée à Damara. Les rebelles se sont alors vu ouvrir un boulevard menant à Bangui, la capitale centrafricaine.
Tel un roi, dès la prise du palais présidentiel, le chef de la rébellion Séléka se nomme directement président, sans élection aucune. Promettant, selon lui, de respecter les accords de Libreville. Pour prouver sa bonne foi, il reconduit le Premier ministre du gouvernement d’union nationale sortant, mais surtout il prévoit d’organiser des élections législatives et présidentielle dans trois ans.
L’Union africaine (UA), elle, n’est pas dupe, en suspendant d’aussitôt la Centrafrique de l’organisation et gêlant les avoirs de sept responsables rebelles. La Ceeac non plus, qui convoque immédiatement un sommet tenu au Tchad, bien entendu.
Face à Idriss Déby, le puissant voisin doté d’une armée digne de ce nom, Michel Djotodia n’a même pas osé faire le déplacement envoyant son Premier ministre. Nicolas Tiangaye a bien beau expliquer les raisons du coup d’Etat, les chefs d’Etat de l’Afrique centrale ne reconnaissent pas son président.
Comme Bozizé, en son temps, le nouvel homme fort de la Centrafrique finit par se plier aux exigences du Tchad. Il assure ainsi organiser les élections d’ici dix-huit mois au lieu de trois ans. Quel genre d’élections ? Démocratiques ? Truquées ? A scrutin universel ou uniquement ouvert à une caste familiale ?
Malgré toutes ses promesses (de campagne ?), Michel Djotodia n’est toujours pas reconnu par la communauté internationale. Car la légitimité des armes du président autoproclamé risquerait de se retourner contre son pays, son peuple. C’est dire si la jurisprudence Bozizé a laissé des traces indélébiles.
Le problème avec les dictateurs, africains ou d’ailleurs, ils promettent tous de ne pas accaparer le pouvoir, de composer un gouvernement d’union nationale or ils s’en pressent d’adouber les membres de leur famille, etc. Est-ce que Djotodia est un rebelle comme un autre ? Ce genre de rebelle, de type Bozizé, qui ne tient que grâce à son voisin tchadien…
L’histoire dira si Michel Djotodia perpétuera l’héritage Bozizé, en se transformant en Bozizé II. Une chose est sûre, on ne peut pas faire entièrement confiance au putschiste, si ce n’est si on fait partie de son clan, ethnie, ou fan club. A suivre…