Centrafrique : les victimes du massacre de 2019 reçoivent enfin réparation financière


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drapeau de la republique de centrafrique
drapeau de la république de Centrafrique

Quatre ans après le massacre de Koundjili et Lemouna, les victimes et leurs familles reçoivent enfin des réparations financières.

Les événements tragiques de mai 2019, qui ont secoué les villages de Koundjili et Lemouna en Centrafrique, semblent enfin trouver une issue judiciaire. Après des années d’attente, les victimes de ces crimes de guerre et crimes contre l’humanité ont reçu des réparations financières grâce à l’action de la Cour pénale spéciale (CPS). Ces réparations, tant espérées par les familles des victimes, marquent une avancée importante dans la quête de justice pour les atrocités commises.

Les réparations remises aux victimes

Le 31 août 2023, le Service d’aide aux victimes et à la défense (SAVD) de la CPS a procédé à la remise des réparations aux victimes et aux familles des disparus des villages de Koundjili et Lemouna. Ce geste a permis à de nombreuses familles affectées par les violences de 2019 de bénéficier d’un soutien financier, essentiel pour leur permettre de se reconstruire. Les femmes victimes de violences sexuelles ont également reçu des kits de dignité.

L’identification des bénéficiaires a été soigneusement supervisée par la CPS à chaque étape du processus judiciaire. Simplice Bissi, qui a perdu 11 membres de sa famille lors de l’attaque, a déclaré que ces réparations allègent une partie de la douleur que les familles portent depuis des années. Il a estimé que les montants reçus, entre 700 000 et 1 million de FCFA, permettront aux familles endeuillées et aux femmes violées de relancer des activités génératrices de revenus pour subvenir à leurs besoins.

Les condamnations des coupables

Ces réparations financières font suite à la condamnation en octobre 2023 des trois principaux responsables de ces crimes : Mahamat Tahir et Ousmane Yaouba, condamnés à 20 ans de prison, et Issa Sallet Adoum, qui a écopé de 30 ans de réclusion. La Cour pénale spéciale, créée en 2015, a pour mission d’enquêter et de juger les auteurs des crimes les plus graves commis en Centrafrique depuis plus de deux décennies. Ce tribunal hybride, composé de juges centrafricains et internationaux, symbolise la lutte contre l’impunité dans un pays ravagé par la guerre civile depuis 2013.

C’est la première fois dans l’histoire de la Centrafrique qu’une juridiction accorde des réparations aux victimes de crimes contre l’humanité. Cette avancée est saluée par les familles des victimes et par les organisations de défense des droits de l’homme. La somme totale des réparations s’élève à 18 855 000 FCFA, soit environ 28 700 euros, financée par le Bureau de la démocratie et des droits de l’homme du département d’État américain, les criminels ayant été déclarés indigents.

Un pas vers la paix durable ?

Si ces réparations représentent une étape importante dans le processus de justice, la situation reste fragile en Centrafrique. Le pays, classé parmi les moins développés au monde, demeure en proie à des violences sporadiques malgré une baisse de l’intensité des combats depuis 2018. La levée partielle de l’embargo sur les armes par le Conseil de sécurité de l’ONU en juillet 2024 est un signe encourageant, mais les défis à relever pour une paix durable sont encore nombreux.

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