Des témoignages accablants révèlent que les soldats de la Minusca en Centrafrique continuent de perpétrer des violences sexuelles, laissant les victimes dans le désespoir.
En dépit des efforts déclarés par la mission des Nations Unies en Centrafrique (Minusca) pour lutter contre les abus sexuels perpétrés par ses soldats, de récents témoignages révèlent une sombre réalité : les violences sexuelles persistent, plongeant des victimes dans la terreur et l’isolement. Une enquête menée par Le Monde et The New Humanitarian met en lumière les récits poignants de femmes brisées par ces agressions, face à une impunité troublante et un manque criant de soutien.
Les scandales oubliés : une tragédie toujours d’actualité
En 2015, la Minusca avait déjà été secouée par des scandales d’exploitation et d’abus sexuels, provoquant l’indignation internationale. Des systèmes de prévention et de signalement avaient été mis en place pour enrayer ces crimes, mais l’enquête récente prouve que les mécanismes sont largement inefficaces. Les victimes continuent de souffrir en silence, sans savoir vers qui se tourner, par peur de représailles ou d’indifférence.
Témoignages bouleversants : « C’est soit du sexe, soit la mort »
Le récit glaçant de Jeanne, une des 19 femmes interrogées, illustre la brutalité des violences subies. Après avoir été agressée par un casque bleu rwandais en mai 2023, Jeanne n’a trouvé aucun soutien auprès des autres soldats présents. « Ils disent que les casques bleus sont venus pour nous protéger, mais ils nous violent », confie-t-elle avec amertume. Comme beaucoup d’autres victimes, elle n’a pas porté plainte, craignant des représailles et ne sachant pas à qui s’adresser.
Des promesses non tenues par la Minusca
La Minusca, dans ses déclarations officielles, affirme avoir mis en place des numéros gratuits, des comités locaux et des campagnes de sensibilisation pour prévenir ces abus. Cependant, l’enquête menée par la journaliste Barbara Debout révèle que ces mesures sont inconnues des victimes et des ONG locales. Cette absence de communication, couplée à l’immensité du territoire centrafricain, complique la tâche de signaler ces crimes et d’offrir un réel soutien aux femmes agressées.
Malgré les efforts proclamés par la Minusca, la réalité sur le terrain reste sombre. Sur les 730 soldats accusés d’abus depuis 2015, très peu ont été sanctionnés. Florence Marchal, porte-parole de la Minusca, a souligné que 344 victimes ont pu recevoir une formation pour retrouver leur autonomie financière, mais ces initiatives semblent largement insuffisantes face à l’ampleur des violences encore commises.
L’ombre de l’impunité : un futur incertain pour les victimes
Le silence qui entoure ces crimes est maintenu par la peur, l’incertitude, et le manque de confiance envers la Minusca. « C’est inutile de signaler ces faits », affirment de nombreuses victimes, désillusionnées par l’absence de justice. Malick Karomschi, président de l’ONG Omica, dénonce cette situation : « Les cas de sévices sont constants, même à Bangui. »
L’enquête dévoile une crise humaine profonde, marquée par des femmes abandonnées à leur sort, dans l’indifférence générale. Il est impératif que des actions concrètes soient prises pour protéger les plus vulnérables et mettre fin à cette culture d’impunité.