Face à la crise centrafricaine, Paris veut convaincre la communauté internationale de se mettre au chevet du pays, en renforçant la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), qui ne dispose que de 1 400 soldats. En réalité, pour Paris, il n’est pas question d’intervenir en Centrafrique.
La France est sur le point d’atteindre ses objectifs en Centrafrique. Préoccupée par le chaos qui perdure dans le pays depuis l’éviction de François Bozizé par les rebelles du séléka, elle fait pression sur la communauté internationale pour qu’elle accompagne le pays en détresse. En marge de l’Assemblée de l’ONU, mercredi, la situation en Centrafrique a fait l’objet d’une réunion entre Paris, l’Union européenne et Washington.
Désormais, à l’international, les projecteurs vont également se tourner vers le pays. On craint en effet que la situation devenue incontrôlable, ponctuée de pillages et violences dans la capitale Bangui, affrontements confessionnels dans le nord du pays, meurtres et agressions sexuelles, ne se propage dans la sous-région. Pour Paris, il n’est pas question d’intervenir militairement en Centrafrique. Du moins pour le moment. Et si cela était nécessaire, la France ne compte pas piloter cette mission d’intervention, comme cela a été le cas au Mali. En revanche, la stratégie de la France est de faire prendre conscience à la communauté internationale de la gravité de la situation, pour qu’elle mette les moyens nécessaires afin de renforcer la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca), qui peine à faire face à l’incurie du pays.
Misca boiteuse
Qu’entend Paris par renforcer la Misca ? François Hollande a demandé à ce que le Conseil de sécurité « donne un mandat et accorde un soutien logistique et financier » à la Misca. Cette force panafricaine présente en Centrafrique, sous l’égide de l’Union africaine, pour appuyer le gouvernement de transition manque cruellement de moyens et ne compte pour l’instant que 1 400 soldats et policiers sur un effectif prévu de 3 600 hommes. Paris devrait prochainement proposer rapidement au Conseil de sécurité, un projet de résolution permettant de renflouer les rangs et moyens logistiques de la Misca, qui pourrait se transformer en mission de maintien de la paix de l’ONU.
Les chefs d’Etat des pays voisins de la Centrafrique ne cachent également pas leurs préoccupations. A l’instar du Président tchadien, Idriss Deby, qui avait prévenu que la Centrafrique « risque de devenir un sanctuaire de terroristes », lors d’un discours à l’occasion de l’investiture du Président malien, Ibrahima Boubacar Keita. Le dirigeant avait également appelé à ce que « les efforts de la Communauté des États d’Afrique centrale (CEEAC) soient accompagnés par tous les amis de la Centrafrique et les Nations Unies », espérant que « la France va nous soutenir sur le plan financier, logistique, en attendant qu’on ait d’autres possibilités de financement ».