Les anti-balaka, miliciens d’auto-défense contre les ex-rebelles de la séléka, réclament une reconnaissance de leur rôle et une aide pour leur réinsertion.
Après l’éclatement du conflit centrafricain, les anti-balaka (anti-machette), se sont constitués, d’après eux, pour protéger la population des ex-rebelles de la séléka, accusés de commettre des exactions. Aujourd’hui, ces miliciens d’auto-défense réclament leur dû pour le rôle qu’ils ont joué et une reconnaissance de la part des nouvelles autorités de transition, dirigées par la Présidente centrafricaine Catherine Samba Panza.
C’est donc bien de la question de leur avenir qui est posée sur la table. Et les anti-balaka comptent bien négocier jusqu’au bout pour préserver leurs intérêts. Ils se sont même dit prêts à déposer les armes contre une aide à leur réinsertion. Ils ont trouvé en la personne de Patrice Edouard Ngaïssona, ancien ministre de François Bozizé – renversé en mars 2013 par la rébellion séléka – leur coordonnateur politique, qui fera l’écho de leurs revendications.
« Catherine Samba Panza n’a rien fait ! »
D’ailleurs, Patrice Edouard Ngaïssona déplore la mise à l’écart de son mouvement par les nouvelles autorités de transition qu’il accuse d ‘« ingratitude »: « Ils n’ont pas de mémoire, c’est nous qui les avons sauvés », a-t-il confié à l’AFP. « Pendant des mois, la communauté internationale n’a rien fait. Personne n’a dit à (Michel) Djotodia (le Président issu de la rébellion et contraint à la démission le 10 janvier) et à ses mercenaires d’arrêter. Alors, en juillet, le peuple s’est soulevé », a affirmé l’ancien ministre de François Bozizé, également président de la Fédération centrafricaine de football. Selon lui, « il faut une reconnaissance de ce qu’ont fait les anti-balaka qui ont libéré le peuple centrafricain ».
Patrice Edouard Ngaïssona va même plus loin, assurant que la nouvelle Présidente de transition, Catherine Samba Panza, « acclamée lors de sa désignation le 20 janvier, est aujourd’hui haïe à cause de son gouvernement et de son cabinet. Madame avait dit qu’elle prendrait des conseillers, des ministres chez nous, elle n’a rien fait ! ». Précédé d’une réputation sulfureuse, l’ancien ministre de François Bozizé, incarcéré au début 2000 pour enrichissement illicite, et fait encore l’objet de plusieurs enquêtes, affirme avoir été écarté « officiellement en raison de ses problèmes judiciaires ».
Le coordonnateur des anti-balaka, mis en cause dans les pillages et exactions à l’encontre des musulmans, a également assuré que son mouvement n’avait rien contre les musulmans. En attendant, les civils de confession musulmane sont toujours la principale cible des violences en Centrafrique.