La priorité des Centrafricains aujourd’hui c’est la réouverture des routes bloquées depuis le conflit armé, pour ainsi favoriser les échanges économiques. Car, les denrées alimentaires des régions de province coûtent de plus en plus cher pour les habitants de Bangui, la capitale centrafricaine.
(De notre correspondant)
Le pays retrouve peu à peu sa stabilité. Le gouvernement d’union
nationale a été mis en place et les ministres retardataires sont entrain
de finaliser les passations de services. Cependant, il demeure le
cruel problème d’ouverture des routes bloquées par les rebelles du Séléka.
La paix retrouvée n’est que virtuelle jusque-là dans la tête des
Centrafricains. Parce que, ce qui les a oppressé directement dans
cette crise n’est pas encore épargné, notamment les effets collatéraux
de la crise. Il s’agit entre autres, de la hausse fulgurante des prix
des produits alimentaires à Bangui et ceux des produits de première
nécessité dans les villes de province, en particulier, celles
occupées par les rebelles.
Pour relancer les échanges économiques, la population réclame l’ouverture des routes barrées par la rébellion du Séléka qui constitue en fait, la cause immédiate de cette hausse des prix. Le pays est asphyxié à cause de ces faits collatéraux du conflit armé. C’est en cela que se justifie aujourd’hui, l’impératif de l’ouverture immédiate de ces routes qui constituent deux poumons économiques de Bangui.
Le manioc, le riz, le maïs, aliments de base des Centrafricains,
proviennent pour la plus part des villes de l’Est sur l’axe Bambari. La viande boucanée et bovine quant à elle provient du Nord, des villes
de Ndélé, Bouca, Mbrè. Or, le ratissage du Séléka couvre pratiquement
l’ensemble de ces régions qui fournissent Bangui en nourriture. Même
si Nzongo, ville frontalière avec la République démocratique du Congo (RDC), approvisionne la capitale centrafricaine en manioc et maïs, ces produits ne sont pas véritablement appréciés par les Centrafricains, moins encore la quantité qui arrive, à elle seule, ne peut nullement résorber le besoin.
Du côté des villes de province, tout leur stock, en ce qui concerne
les produits de première nécessité, est épuisé. Les rescapés des
savons, sucres, sels et autres qui se vendent exclusivement par les
grands commerçants coûtent extrêmement cher. Ces produits ont vu leurs prix augmentés jusqu’au double, voire le triple ; alors que le paysan du petit village n’arrive par a évacué ses produits agricoles pour avoir de l’argent lui permettant de faire face à cette flambée de
prix.
Qu’à cela ne tienne, les réseaux de téléphonie étant
systématiquement coupés après chaque prise des villes par le Séléka, il n’y a pas de possibilité de communiquer en province, puisque les opérateurs attendent encore l’ouverture de ces routes pour s’y rendre,
en vue de rétablir leurs réseaux. Cela va de même pour les autres
services privés et publics étant donné que ce sont plus des ¾ du pays
qui sont sous contrôle de la rébellion.
A priori, la responsabilité de cette ouverture incombe directement au
ministre de la Défense nationale, M. Michel Djotodjia qui est
d’ailleurs lui-même le patron des rebelles. Car, le
ministre des Transports quant à lui, avait conditionné la reprise des
transports sur les routes en question à libération des routes par les
éléments du Séléka. Heureusement qu’en prenant son poste jeudi 7
février, le ministre de la Défense en a pris la mesure. Il a indiqué
par ailleurs que le travail ne sera fait qu’avec les Forces armées de la Centrafrique (FACA) que le président Bozizé avait fustigés lors des avancées du Séléka sur Bangui. « Il suffit de leur redonner confiance et le travail sera fait
» a-t-il dit.
Tout compte fait, le Centrafricain est loin de palper la paix
retrouvée, même les quelque 19 000 fonctionnaires qui viennent de
percevoir leur salaire du mois de janvier doivent faire face au coût
cher des denrées alimentaires sur les marchés.