Les experts nationaux venus des différents départements ministériels se sont penchés du 27 au 28 septembre 2013 sur le Programme d’urgence du Gouvernement pour le redressement rapide de la RCA en cette période de transition.
(De notre correspondant à Bangui)
Ils étaient près d’une centaine, les experts nationaux venus des différents départements ministériels et des institutions internationales qui ont pris part à l’atelier de validation technique du Programme d’urgence du Gouvernement d’union nationale de transition (GUN). Il s’agit pour les experts d’examiner, point par point, cet important document. En effet, depuis le 12 août 2013, un comité d’experts que coordonne l’ancien ministre, Lazare Dokoula, a été mis en place pour élaborer le Programme d’urgence du GUN. Le comité a travaillé d’arrache-pied et a pu sortir un document corsé qui présente, en plan détaillé de la feuille de route, les grandes actions stratégiques que doit mener le GUN d’ici à 2015.
Le document tel que présenté par M. Dokoula est structuré en fonction des priorités aujourd’hui. Au total, 13 priorités ont été répertoriées en vue du relèvement rapide la RCA dans cette période de transition.
Priorité 1 : Sécurité. Elle inclut le déploiement et l’opérationnalisation des FDS, le DDR, la réinsertion des ex-rebelles de la séléka et la JPN;
Priorité 2 : Paix et justice. Avec comme principales activités la réhabilitation et la redynamisation des maisons de droit et de la justice, ainsi que la sensibilisation intensive sur la cohésion sociale et inter-religieuse, sans oublier la promotion de l’accession à la justice pour tous;
Priorité 3 : Les questions humanitaires et les droits de l’Homme. Ce volet vise entre autres l’amélioration du cadre institutionnel pour la coordination des réponses humanitaires sur l’ensemble du territoire, en concert avec les ONG humanitaires, la promotion et la protection des droits de l’Homme, et la réinsertion des personnes déplacées;
Priorité 4 : La santé où le parc automobile devra être renforcé, l’ouverture des négociations avec les partenaires (GAVI, BADEA, BM, FMI… ), les textes fondamentaux tels PNDS III, la PNS sont à revisiter, les nouvelles dispositions légales pour l’UCM, les violences faites aux femmes et la lutte contre le VIH/sida avec redynamisation des CDV;
Priorité 5 : L’éducation dominée par la réhabilitation, l’équipement en matériels et mobiliers les établissements scolaires pillés et saccagés, l’intégration de 1 100 enseignants et 1 100 contractuels, ainsi que la formation de 800 maîtres à l’ENI, et l’appui au retour de 4 900 enseignants ou personnels administratifs déplacés;
Priorité 6: Actions sociales, environnement et emploi dont les grands axes sont entre autres l’encadrement et la mobilisation des populations, l’assistance aux populations rendues vulnérables, en vue de leur réhabilitation, la promotion de la participation citoyenne à la restauration de la paix et de la gouvernance démocratique, la mise en place d’un mécanisme institutionnel de prévention et de gestion des crises et catastrophes.
Pour le sous-secteur environnement, le renforcement des capacités humaines et matérielles du Département en charge, la prise en compte des questions de l’environnement dans les projets de développement et l’implication de la population pour une gestion durable, la promotion des actions dans le cadre de lutte contre le changement climatique, la mise en place d’un plan d’investissement à moyen terme de gestion durable des terres, le renforcement des capacités de gestion des déchets dans les zones urbaines et rurales, la réhabilitation des sites des aires protégées.
Le sous secteur-emploi prévoit la mise en œuvre d’une stratégie d’urgence d’appui aux entreprises et de création d’emplois et la mise en œuvre des activités prioritaires du Programme Pays pour la promotion du travail décent.
Priorité 7 : Gouvernance politique et administrative qui concerne la mise en place et l’opérationnalisation des institutions de la transition, la réorganisation et la redynamisation de l’Administration territoriale, l’élaboration d’une nouvelle Constitution, l’adoption et la promulgation des lois de la décentralisation, le redéploiement des fonctionnaires et agents de l’Etat déplacés et le renforcement des capacités des cadres avec rééquipement des administrations centrales déconcentrées et décentralisées.
Priorité 8 : Restauration de l’autorité de l’Etat qui prévoit le redéploiement des FDS, la déconcentration et l’opérationnalisation du Conseil national de sécurité, la promotion de l’éducation civique et la sensibilisation des populations à la culture de la paix, le renforcement et la valorisation du statut des chefs de quartiers et des villages, l’appropriation des pratiques de bonne gouvernance administrative par les gouvernants et les gouvernés.
Priorité 9 : Organisation des élections axée sur la promulgation du code électoral, la mise en place de l’Autorité nationale des élections, la mobilisation des ressources pour l’organisation des élections, le découpage et le recensement électoral, l’informatisation des listes électorales, confection et distribution des cartes d’électeurs biométriques, l’assurance du bon déroulement des élections, l’adoption par référendum, la promulgation et la vulgarisation de la nouvelle Constitution, les élections présidentielle et législatives suivies de l’installation des députés et l’investiture du président de la République;
Priorité 10 : Appui aux secteurs à fort potentiel (agriculture, élevage, forêts, mines) prévoit la relance des réformes économiques interrompues, la reconstitution des capacités de production des agriculteurs et éleveurs, la relance des activités forestières dans un environnement favorable.
Le sous-secteur Mines avec le rétablissement de l’administration douanière, la sécurisation des zones et des acteurs du secteur minier, le renouement avec les institutions internationales, notamment le Processus de Kimberley et l’ITIE.
Priorité 11 : Infrastructure d’appui
Le sous-secteur Transports où il est prévu la réhabilitation des infrastructures de transport, notamment les routes et les pistes rurales, les plateformes routières et portuaires, et l’assurance de la facilitation des transports.
Le sous secteur Energie avec le renforcement des capacités opérationnelles des institutions dans le domaine de la planification et de contrôle, la restructuration du cadre juridique, institutionnel et financier du secteur de l’électricité, le rétablissement du dialogue entre les différents acteurs du secteur, l’augmentation de la production de l’électricité sur toute l’étendue du territoire national, l’approvisionnement et le stockage des hydrocarbures, le renforcement de l’indépendance et la sécurisation d’approvisionnement en énergie.
Le sous-secteur Eaux et Assainissement avec l’amélioration de la gouvernance du secteur de l’eau et de l’assainissement, le renforcement des capacités des acteurs du secteur en matière de la planification, le suivi et la mise en œuvre des activités, l’assurance du financement du secteur, l’amélioration de l’accès à l’eau potable et aux ouvrages d’assainissement.
Priorité 12 : Secteur privé. Il prévoit le développement d’un secteur privé dynamique, compétitif et créateur d’emplois à travers la mise en œuvre des volets urgents du Programme Pays pour la promotion du travail décent afin de créer des emplois en faveur de la main d’œuvre affectée par la crise, l’élaboration et la mise en œuvre d’une politique nationale du travail décent.
Priorité 13 : Gestion des finances publiques et du secteur financier concerne, entre autres grands axes, l’accroissement des recettes publiques et la maîtrise de leur traçabilité, et l’exécution des dépenses dans le respect de la procédure budgétaire conformément aux orientations du collectif budgétaire 2013 et de la loi de finance 2014.
Au sortir de ces travaux d’amendement technique, M. Clotaire Rodonne Siribi, l’un des experts et président du Groupe thématique Paix et Justice s’est dit très satisfait des contributions et enrichissement apportés par les experts au Programme d’urgence.
Quant au coordonnateur du Programme d’urgence, M. Dokoula, il a précisé que ce programme n’est pas à confondre avec la feuille de route du GUN, car la feuille de route est l’esprit, mais le Programme d’urgence est la lettre, c’est-à-dire le bras opérationnel. Le programme d’urgence qui vient d’être approuvée avec amendements par les experts sera soumis très bientôt à l’approbation de tous les acteurs et les partenaires au développement dans le cadre d’un atelier national de validation. Rendez-vous est donc donné à ces assises nationales.