Centrafrique : le Premier ministre Mahamat Kamoun peine à s’imposer


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La formation d’un gouvernement « élargi » en Centrafrique s’annonce compliquée. Près de dix jours après sa nomination au poste de Premier ministre, outre le fait qu’il ne semble pas faire l’unanimité, Mahamat Kamoun n’a toujours pas annoncé la liste de ses ministres.

Rien ne va plus dans les coulisses de la politique centrafricaine. A peine a-t-il été nommé Premier ministre, que le successeur d’André Nzapayéké est taxé d’indésirable. Mahamat Kamoun, nommé le 10 août, n’a toujours pas formé son gouvernement, ni fait ses preuves, qu’une partie de la classe politique et de la société civile appelle à son départ. Elle estime que M. Kamoun, en tant qu’ancien directeur de cabinet de Michel Djotodia, est trop lié à la Séléka. De son côté, l’ex-rébellion refuse de participer au gouvernement, reprochant à la présidente Catherine Samba-Panza de ne pas l’avoir consulté avant de nommer Mahamat Kamoun.

Aujourd’hui, c’est au président du conseil national de transition (CNT), le Parlement provisoire centrafricain, Alexandre Ferdinand Nguendet, d’apporter son grain de sel. Depuis Brazzaville, ce dernier a appelé, mardi, à « surseoir » la mise en place d’un nouveau gouvernement, estimant que le nouveau chef du gouvernement ne fait pas l’unanimité, et de se conformer aux accords de cessation des hostilités signés le 23 juillet dans la capitale congolaise.

« Le principe de la transition, c’est la concertation »

A l’image de l’ex-Séléka, il s’accorde à penser que la « concertation » a été la grande absente dans la « dans la désignation du Premier ministre ; c’est ce qui a posé problème au niveau des institutions et des entités importantes qui ont signé les accords de Brazzaville », a-t-il déclaré à des journalistes à l’issu d’un entretien de deux heures avec le Président Denis Sassou Nguesso. Ce dernier, médiateur dans la crise centrafricaine, avait convoqué les différents protagonistes afin d’accélérer la formation d’un gouvernement « élargi ».

« Il est urgent que toutes les institutions et toutes les entités se retrouvent pour qu’on se parle.(…) S’il faut faire des sacrifices pour que le peuple centrafricain puisse avoir la sérénité, il faut le faire. Le temps passe certes, mais le principe de la transition, c’est la concertation », a souligné M. Nguendet.

Samba-Panza, la rebelle

Le nouveau Premier ministre, de confession musulmane, est un proche de la Présidente de transition. Apparue comme un nouveau souffle dans la politique de transition centrafricaine, Catherine Samba-Panza n’en fait désormais qu’à sa tête et est notamment perçue comme une « hypocrite » par certains chefs d’Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC), selon Alwihdainfo.

« La nomination d’un Premier ministre, après la démission d’André Nzapayéké, a choqué plus d’un. A commencer par les chefs d’Etat de l’Afrique Centrale. Ils se sont sentis trahis. Aucun d’entre eux n’a réagi suite à l’acte de Catherine de nommer Mahamat Kamoun comme Premier ministre. Elle a balayé ainsi d’un revers de la main, l’accord de N’Djamena qui est à l’origine de son arrivée à la tête de la transition », écrit le journal tchadien.

L’accord de N’Djamena prévoyait le départ de Michel Djotodia et de trouver un compromis pour le peuple centrafricain. « Qui a pensé que le produit de ce sommet de N’Djamena (Catherine Panza), constituera un blocage pour la mise en œuvre de ces accords ? C’est arrivé », poursuit le quotidien.

Mahamat Kamoun parviendra-t-il à former et à imposer son gouvernement « élargi » ?

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