A l’initiative du Premier ministre, Faustin Archange Touadéra, tous les membres du gouvernement doivent présenter leur bilan à mi-parcours. Ce mardi a été le tour du ministre délégué à l’aviation civile, M. Théodore Jousso. Le membre du gouvernement a parlé de la modernisation de l’aviation civile centrafricaine.
(De notre correspondant)
Par nature peu alarmiste puisque homme de challenge, le ministre délégué ne s’est pas beaucoup appesanti sur l’état des lieux. Une manière d’éviter de dire que le secteur tendait irrésistiblement vers le déclassement. Néanmoins, l’on se souviendra que les conclusions de l’audit conduit par les experts de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) à Bangui n’étaient guère reluisantes. Elles avaient fait mention de graves carences et manquement. Pêle-mêle, le membre du gouvernement a cité la faiblesse de l’administration et la réglementation de l’aviation civile ; les insuffisances au niveau de l’organe institutionnel ; les limites au niveau de l’infrastructure…
Les réalisations
Se basant sur les observations de l’audit conduit par les experts de l’OACI à Bangui, le ministre délégué à l’aviation civile a tout de suite procédé à l’identification des problèmes du secteur qu’il transforme en défis à relever. Évidement, trois grands axes stratégiques ont été mis en chantier, à savoir la mise à niveau administratif et réglementaire, la construction de l’organe institutionnel et la mise à niveau des infrastructures.
En ce qui concerne les défis administratifs et réglementaires, les efforts ont été consentis beaucoup plus dans l’élaboration d’un code de l’aviation civile. Dieu merci, la RCA partage le même code avec les Etats membres de la CEMAC.
Sur le plan du redressement institutionnel, il y a déjà un projet de décret structurant le département de l’aviation civile en deux directions générales : il s’agit de la direction générale des transports aériens qui s’occupe exclusivement des questions de transports, notamment l’accompagnement des partenaires privés et étatiques œuvrant dans le secteur et la direction générale de la météorologie qui doit fournir des informations sur les intempéries, sur la pluviométrie en faveur de plusieurs secteurs d’activités au niveau national.
Sur le plan de l’infrastructure, un gigantesque projet de réhabilitation de l’aéroport Bangui Mpoko. Rappelons que l’unique aéroport international de Bangui Mpoko a été mis en service en juin 1967 avec une capacité d’accueil d’environ 10 000 passagers par an. Aujourd’hui, la même plateforme est appelée à accueillir plus de 120 000 passagers par an, ce qui est relativement faible malgré tout par rapport aux autres pays de l’ASECNA. Le Cameroun par exemple accueille 1 million de passagers par an, le Tchad 300 000, le Sénégal 2 millions, le Burkina Faso et le Bénin 400 000, le Gabon 1 million, le Congo 1,2 millions. Selon le membre du gouvernement, le projet dont le financement est totalement bouclé et dont les travaux débuteront d’ici janvier 2013, un besoin de financement estimé à 60 milliards F Cfa. Heureusement, avec le système de partenariat public privé initié par le département, des bailleurs de fonds se sont engagés pour le financement total lors de leur table ronde du 11 octobre dernier : l’Agence française de développement 3 milliards, la BEAC 3 milliards, le groupe de la Banque mondiale 6 milliards, l’Exim bank of China 60 milliards.
Selon le ministre délégué, après la finalisation de ces travaux de réhabilitation qui couvrent 26 mois, l’aéroport Bangui Mpoko répondra aux normes internationales de l’aviation civile. Signalons que les travaux se réaliseront en deux phases : d’abord, la clôture du domaine aéroportuaire sur un périmètre de 12 km ; l’extension et le réaménagement de l’aérogare ; le renforcement des chaussées aéronautiques ; la formation du personnel. Ensuite, la deuxième phase prévoit l’allongement de la piste de 2 600 m à 320 m ; l’extension de l’aire de stationnement de 5 à 11 postes ; le construction d’une nouvelle bretelle ; le réaménagement de la bretelle aéroclub et la formation du personnel.
Une véritable opportunité pour la RCA. Une fois que la mise à niveau institutionnelle, réglementaire et de l’infrastructure du secteur de l’aviation civile centrafricaine soit bouclée, les gros porteurs du type Air bus A300 ou Boeing 747 qui survolent le territoire centrafricain, peuvent désormais atterrir dans le pays pour s’approvisionner en carburant. Car, la position géographique même de la RCA, à mi-chemin entre les grands pôles tels que l’Afrique du Sud et l’Europe, l’Amérique et l’Asie, est un grand atout à capitaliser si et seulement si l’aéroport Bangui Mpoko répond aux normes de l’OACI.
Lors de cette présentation des réalisations de l’aviation civile, ministre Jousso a indiqué que la RCA dispose elle aussi, des compagnies nationales, à savoir Minair, Lapara et d’ici décembre 2012 Karinou air line (au capital 50 milliards ) qui desservent l’intérieur du pays à destination de Carnot, Berberati, Bambari, Bria et bientôt à l’international Karinou.