Après trois ans de tensions, la France rétablit ses liens avec la Centrafrique en accordant une aide budgétaire de 10 millions d’euros, visant à soutenir la gouvernance et l’éducation.
Après trois années de relations tendues, marquées par la suspension de l’aide budgétaire et des accusations de complicité avec les campagnes russes antifrançaises, la France renoue avec la Centrafrique. Paris a annoncé un soutien budgétaire de 10 millions d’euros en faveur de Bangui. Une aide qui, au-delà de son impact économique, symbolise le retour d’un dialogue et un potentiel renouveau diplomatique entre les deux nations.
Un soutien décisif pour la gouvernance et le développement
La première partie de cette aide, soit 5 millions d’euros, est dédiée au renforcement de la gouvernance économique et financière de la République centrafricaine. Selon l’ambassadeur de France, Bruno Foucher, ces fonds permettront la modernisation de l’administration fiscale centrafricaine grâce à la numérisation et l’optimisation des procédures de collecte des recettes fiscales. Cette mesure vise à augmenter les revenus de l’État et à garantir une meilleure transparence dans la gestion publique.
Le ministre centrafricain des Finances, Hervé Ndoba, a salué cet appui en favorisant qu’il facilite l’accélération des réformes économiques engagées par Bangui. Cette aide permettra également la formation des fonctionnaires et l’acquisition de matériels pour une gestion plus moderne et efficace des ressources publiques, en vue de garantir une plus grande transparence dans les dépenses.
Soutien au secteur éducatif en réponse aux urgences sociales
L’éducation, secteur crucial pour l’avenir du pays, bénéficiera également de ce soutien financier. Trois millions d’euros seront attribués pour régler les arrières intérieurs, notamment dans le domaine éducatif. Ce financement permettra l’acquisition et la distribution rapide de nouveaux manuels scolaires pour les écoles publiques. Cette initiative vise à offrir de meilleures conditions d’apprentissage aux jeunes centrafricains, marquant ainsi l’engagement de la France pour le développement social et humain de la Centrafrique.
Pour la République centrafricaine, ce soutien éducatif est également stratégique, répondant à une forte demande sociale tout en particulier les tensions internes liées aux carences du secteur public.
Appui aux élections : un engagement pour la démocratie
Enfin, 2 millions d’euros de cette aide seront consacrés à l’organisation des élections locales prévues en 2025. Ce financement contribuera à l’effort commun supervisé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), soutenu par l’Union européenne, pour garantir des élections transparentes et démocratiques. Cette contribution renforce la position de la France en tant qu’acteur impliqué dans le processus démocratique en Centrafrique, tout en rassurant Bangui sur son indépendance politique dans la gestion de ces fonds, sans conditionnalité.
Ce soutien direct sans conditions, annoncé par Bruno Foucher, marque une volonté de construire une relation de confiance, tout en respectant la souveraineté centrafricaine.
Une aide, symbole de normalisation et d’apaisement diplomatique
Cette aide de 10 millions d’euros traduit une volonté de la France de relancer son partenariat avec la Centrafrique, après trois ans de tensions diplomatiques et de recul de son influence dans un pays où la Russie a gagné du terrain. En effet, la présence du groupe paramilitaire Wagner en RCA a fortement contribué à la dégradation des relations entre Bangui et Paris.
Cependant, la visite du président centrafricain Faustin-Archange Touadéra à Paris en avril dernier a ouvert la voie à une réconciliation. La feuille de route signée avec Emmanuel Macron marque le début d’une nouvelle ère de coopération, où la France réaffirme sa volonté d’accompagner le développement de la Centrafrique, malgré les jeux d’influence internationaux.