La paix, c’est le maître mot du forum qui s’est ouvert ce lundi à Bangui, la capitale centrafricaine. A travers ce « dialogue politique inclusif » qui doit se tenir pendant deux semaines, le pouvoir en place, l’opposition, les rébellions et de la société civile centraficaine entendent mettre fin à la crise qui secoue le pays depuis 2005. La rencontre se déroule sous les auspices de l’ancien chef d’Etat burundais Pierre Buyoya et du président gabonais Omar Bongo, médiateur pour la paix en Centrafrique.
« Je demande pardon à tous ceux à qui j’aurais fait du tort ». C’est ainsi que Jean Jacques Demafouth, ex-ministre de la Défense (1999-2001) et président de l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie. (APRD, rebellion) a démarré son discours ce lundi, lors de l’ouverture du forum centrafricain pour la paix. Son mouvement rebelle est le plus actif dans le nord du pays depuis 2005. Après six ans d’exil en France, il appelle à former, « ensemble, une alliance de paix en Centrafrique ».
Dimanche déjà, Ange-Félix Patassé, l’ex-président de la Centrafrique (1993-2003), arrivé à Bangui après cinq ans d’exil au Togo, tenait peu ou prou le même discours. « Je ne suis pas venu pour juger, mais pour trouver un terrain d’entente et aborder les problèmes de la République centrafricaine », a-t-il déclaré à sa descente d’avion. Il a ensuite remercié les autorités du pays, notamment l’actuel président François Bozizé qui l’a évincé du pouvoir en mars 2003, et les Centrafricains qui ont « prié » pour qu’il puisse « participer au dialogue fraternel ».
Concertation de dernière chance
Le capitaine Abacar Sabone, un autre chef rebelle du Mouvement des libérateurs centrafricains pour la Justice (MLCJ), a, lui aussi, exprimé son engagement pour la paix en renonçant « définitivement à la lutte armée ». « Si aujourd’hui nous sommes réunis dans cette salle, c’est parce que notre pays a des problèmes, parce que nous les avons créés nous-mêmes et nous allons les résoudre nous-mêmes », a-t-il affirmé. La veille, il avait signé un accord de paix et de cessez le feu avec le gouvernement.
Les discussions de ce forum porteront essentiellement sur la mise en place d’un programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertions (DDR) des rebelles, sur la restructuration de l’armée et des forces de défense et de sécurité. Les participants débattront également du « développement économique et social » de la Centrafrique. Le pays connaît en effet une grave crise économique qui se traduit par plusieurs mois d’arriérés de salaires pour les fonctionnaires.
Selon le porte-parole du gouvernement et coordonnateur de cette rencontre, Cyriaque Gonda, dans une déclaration à l’AFP, cette concertation était celle « de la dernière chance pour la Centrafrique ». Un précédent « Dialogue national », dont les recommandations n’ont pas été respectées, avait été organisé en septembre-octobre 2003.
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