L’Organisation des Nations Unies (ONU) a indiqué, ce mardi, craindre un retour aux violences meurtrières de décembre 2013, début 2014. Plus de 36 personnes auraient déjà été tuées en Centrafrique tandis que la présidente de Transition a décidé de rentrer au pays devant la gravité de la situation alors qu’elle devait assister à une réunion de l’institution onusienne, jeudi prochain, à New-York.
Selon le porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés, Leo Dobbs, au moins 36 personnes sont mortes et près de 27 400 autres ont été déplacées à cause des violences interreligieuses qui ont débuté samedi dernier, dans la capitale centrafricaine, Bangui. La présidente de Transition, Catherine Samba-Panza, est rentrée en Centrafrique, ce lundi, alors qu’elle était en séjour à New-York où elle a assisté à l’Assemblée générale des pays membres. Elle avait prévu de rester toute la semaine pour assister, jeudi, à une réunion sur la situation dans son pays.
La crainte d’un retour aux violences de décembre 2013
« Nous craignons que la violence que nous voyons à Bangui soit un retour aux jours sombres de la fin 2013 et de 2014, lorsque des milliers de personnes ont été tuées et des dizaines de milliers ont dû fuir leurs foyers », a indiqué Leo Dobbs, à l’occasion d’un point de presse à Genève. Selon la Croix-Rouge, le bilan des derniers heurts pourrait être d’une cinquantaine de morts et de dizaines de blessés. Cette estimation témoigne de la violence des affrontements qui ont éclaté samedi dernier, après la mort d’un jeune taxi-moto de confession musulmane qui, selon plusieurs médias, aurait été intercepté puis égorgé par des hommes armés non-identifiés.
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En représailles, certains Banguissois musulmans ont sorti leurs armes et ont érigé des barricades dans la ville. Des groupes de chrétiens se sont alors armés à leur tour. Les affrontements ont éclaté notamment dans le quartier PK5, à forte densité d’habitants musulmans, avant de se propager dans la capitale qui a été le théâtre de nombreuses scènes de pillage et ses principaux axes ont été bloqués. Ce lundi, de nombreux soldats de la MINUSCA et près de 700 militaires français étaient déployés dans Bangui.
Des attaques coordonnées ?
L’appel au calme lancé par Catherine Samba-Panza dans un message diffusé à la radio n’aura pas suffi à faire baisser la tension, de même que le couvre-feu décrété dans la nuit de dimanche à lundi par le Premier ministre Mahamat Kamoun. Ce lundi, une manifestation de plusieurs centaines de Banguissois qui marchaient vers la Présidence en appelant le chef d’Etat de Transition à la démission a été violemment dispersée par les Casques bleus de l’ONU. Trois morts seraient à déplorer. Dans un communiqué, les Nations Unies ont toutefois nié avoir tiré sur la population.
Certains observateurs, notamment l’archevêque de Bangui, Mgr Dieudonné Nzapalainga, a dénoncé une instrumentalisation de ces attaques qui pourraient répondre à un agenda politique. Un référendum constitutionnel est prévu le 4 octobre prochain tandis que l’élection présidentielle doit se tenir deux semaines plus tard.