A la suite du Coup d’Etat en Centrafrique, Michel Djotodia, autoproclamé président de la transition, promet d’organiser des élections d’ici 2016. Jean-Baptiste Koba, Président du MESAN, Mouvement pour l’Evolution Sociale de l’Afrique Noire, assure à Afrik.com que sa formation participera aux échéances électorales à venir, à savoir : les législatives et la présidentielle. Interview.
Afrik.com : En tant que président d’un des principaux partis politiques centrafricains, quel regard vous portez sur ce qui se passe en ce moment en Centrafrique, c’est-à-dire le coup d’Etat qui a chassé François Bozizé du pouvoir ?
Jean-Baptiste Koba : Malheureusement, c’est la suite logique à l’effondrement chaotique du pays ces dernières années. C’est le fruit et le résultat de l’entêtement d’un président. La communauté internationale et les instances de la sous-région lui avaient, pourtant, donné une chance de sauver la nation. C’est à cause de son attitude entêtée et égoïste qu’il y a eu un coup d’Etat. Nous devons en tirer des leçons pour relever notre pays.
Afrik.com : Quel genre de leçons sont à tirer ?
Jean-Baptiste Koba : Il faut que les Centrafricains prennent en charge leur propre destin. Dans un pays où l’Etat n’existe plus, les alternatives sont désagréables. La priorité est donc de rétablir l’Etat, c’est la condition primordiale. C’est-à-dire, organiser les élections. Les élections législatives sont prévues pour 2016. C’est l’occasion de mettre en place une Assemblée nationale avec des députés élus démocratiquement. Sans oublier de mettre en place un cadre constitutionnel digne de ce nom.
Afrik.com : Est-ce que le calendrier prévu par Michel Djotodia, le président par intérim, vous convient ? Il parle de l’organisation des élections d’ici 12 à 18 mois…
Jean-Baptiste Koba : Nous avons entendu plusieurs sons de cloche. Au départ, il était prévu d’organiser la présidentielle en 2016 à la suite d’une période de transition de trois ans. Maintenant, on parle de 12 à 18 mois. Au vu de la situation actuelle en Centrafrique, et de l’ampleur de ce qui est à mettre en œuvre, ce calendrier me pousse à mettre une réserve car le timing me paraît extrêmement optimiste.
Afrik.com : Si vous n’y croyez pas au calendrier proposé par le Séléka. Quelle est votre position ?
Jean-Baptiste Koba : C’est une situation exceptionnelle. Les accords de Libreville avaient fixé les règles du jeu et, une feuille de route avait été dictée par les Etats de l’Afrique centrale. Le président Bozizé s’était engagé à ne pas se présenter pour l’élection présidentielle de 2016, ainsi qu’à former une gouvernement d’union nationale ayant pour mission de procéder à la dissolution de l’Assemblée Nationale et l’organisation d’élections législatives qui mèneront le pays aux élections présidentielles de 2016.
Afrik.com : Est-ce que le Séléka, au pouvoir, va respecter les accords de Libreville ?
Jean-Baptiste Koba : La donnée a changé. Les accords ne sont plus les mêmes. Un des principaux signataires, le président Bozizé n’est plus dans le jeu. Quant à moi, je vais dans le même sens que Michel Djotodia : l’esprit de consensus des accords de Libreville doit être conservé.
Afrik.com : Est-ce que vous êtes candidat à l’élection présidentielle ?
Jean-Baptiste Koba : C’est encore prématuré de l’affirmer. Mon parti, le Mouvement pour l’Évolution Sociale de l’Afrique Noire (MESAN), est un parti politique ambitieux dont l’ambition est d’être présent aux élections présidentielles et présidentielle. Reste maintenant à savoir l’identité de notre candidat.
Afrik.com : Même si l’organisation de l’élection présidentielle n’est pas imminente, vous y pensez quand même…
Jean-Baptiste Koba : Je n’ai pas d’obsession présidentielle ni de détermination à occuper le poste de président de la Centrafrique. Ma formation politique fait grand écho dans la mémoire collective du pays, c’est donc normal que nous participions aux prochaines élections. Nous comptons ainsi être un des acteurs de ces échéances.
Afrik.com : Faîtes-vous confiance aux déclarations du Séléka sur l’organisation de l’élection présidentielle d’ici 2016 ?
Jean-Baptiste Koba : Les déclarations de Michel Djotodia m’aspirent confiance. Elles vont dans la bonne voie. Je leur accorde le bénéfice du doute et une certaine confiance. Il en va de l’intérêt de notre nation, nous ne pouvons pas faire autrement !
Afrik.com : Peut-on vraiment faire confiance aux gens qui ont pris le pouvoir par les armes ?
Jean-Baptiste Koba : Prendre le pouvoir par les armes, c’est un aveu de faiblesse. C’est anticonstitutionnel. C’est illégal. Nous devons être très vigilants, faire en sorte que cette situation exceptionnelle de transition débouche sur le rétablissement de l’ordre constitutionnel. Le principal problème des accords de Libreville c’est la rapidité avec laquelle ils ont été signés. Une paix ne se négocie pas et ne se discute pas en trois jours. Si ces accords avaient été négociés par tous les acteurs de la vie politique centrafricaine, ils auraient permis la cohabitation entre Bozizé et le Séléka.
Afrik.com : Votre parti politique se portera donc candidat à l’élection présidentielle en Centrafrique, quel message vous voulez passer à vos compatriotes ?
Jean-Baptiste Koba : Nos compatriotes doivent savoir qu’il n’y a pas de fatalité au chaos. La Centrafrique n’est pas un pays condamné. Elle a montré, dans le passé, qu’elle pouvait être ambitieuse et concurrente. Je demande à mes compatriotes de garder confiance, de faire confiance à la jeunesse qui est parfaitement au courant de ce qui se passe dans les pays voisins et partout dans le monde.