Le président centrafricain a annoncé lundi la tenue des élections présidentielle et législatives dans son pays, le 25 avril prochain. L’opposition fait valoir que les conditions ne sont pas réunies, et exige le report de ces scrutins. François Bozizé a indiqué samedi avoir échappé à une tentative de coup d’Etat. Il évoque, en cas de report, le risque d’un vide constitutionnel au sommet de l’Etat, source d’instabilité.
Entre rumeur de coup d’Etat et fin effective de son mandat, François Bozizé se déclare candidat à sa propre succession. Le chef d’Etat centrafricain a indiqué lundi à Bangui, la capitale, lors d’un meeting du Kwa na Kwa (KNK) [[le travail, rien que le travail en langue nationale sango]], son parti, qu’il sera candidat à l’élection présidentielle d’avril prochain.
« Aujourd’hui, les ouvrières et les ouvriers KNK me pressent de nouveau (…) de les accompagner dans les élections prochaines car ils sont déjà en ordre de bataille (…) Ouvrières, ouvriers KNK, je vous ai compris. J’accepte encore une fois d’être votre porte-flambeau, j’accepte encore une fois de porter vos aspirations, les aspirations du peuple centrafricain », a déclaré François Bozizé, devant plusieurs milliers de supporters rassemblés au stade Barthélemy Boganda.
Le décret signé de sa propre main fixe au 25 avril la date des élections couplées, présidentielle législatives. La campagne électorale doit, selon ce schéma, se dérouler du 12 au 23 avril. Par contre, le décret présidentiel n’indique pas la date du second tour.
Pour l’opposition, les conditions du scrutin ne sont pas réunies
Cependant, c’est sur fond de rumeurs d’instabilité dans son pays, que le général Bozizé, 63 ans, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat contre le président Ange-Félix Patassé le 15 mars 2003, puis élu en mai 2005 au second tour face à l’ex-Premier ministre Martin Ziguélé, a annoncé la ténue des élections. Ce qui renforce les appréhensions de l’opposition centrafricaine.
Lors d’une intervention à la radio nationale samedi dernier, le ministre centrafricain de la sécurité publique, Jules Bernard Ouandé, a en effet fait état d’une tentative de putsch qui aurait été déjouée. Il en a attribué la responsabilité à un certain « AFP », dans lequel les Centrafricains ont tout de suite reconnu les initiales de l’ancien président Ange Félix Patassé, lequel a déjà annoncé qu’il sera candidat à la présidentielle.
Toute chose qui conforte l’opposition centrafricaine dans son souhait de voir les élections reportées. Celle-ci fait valoir que la situation du pays demeure instable. Elle cite les rumeurs de coup d’Etat, l’action des coupeurs de route, les exactions de militaires et des rebelles. Elle ajoute que le recensement électoral n’a pas été effectué, et exige par conséquent, le retrait du décret sur les élections.
Même la Commission électorale indépendante (CEI) chargée d’organiser et de superviser les scrutins ne semble pas prête à aller aux urnes. Dans un communiqué rendu public lundi, elle a en effet annoncé le report de l’ouverture du dépôt des dossiers de candidature, qui aurait dû commencer vendredi dernier.
Ange Félix Patassé nie son implication dans la tentative de putsch
Cependant, estime François Bozizé, reporter les élections conduirait à un « vide constitutionnel » et à la mise en place d’un « gouvernement de transition ». Ce qui signifierait des « lendemains incertains pour le peuple ». Il a par conséquent décidé de s’en remettre à la CEI. « Je suis persuadé que la grande majorité des partis de l’opposition saura trouver avec nous les moyens de surmonter ces obstacles afin que le processus électoral se poursuive dans la sérénité. La CEI constitue le seul maître d’œuvre des opérations électorales et pourra, avec les représentants de toutes les tendances qu’elle renferme, adopter un calendrier en toute indépendance », a-t-il réagi lundi.
Pour l’ancien président, Ange Félix Patassé, l’annonce d’une tentative avortée de coup d’Etat constitue en réalité une manœuvre de diversion électorale. Dans un communiqué publié lundi, son porte-parole, Guy Simplice Kodegue, écrit que « le ministre de la sécurité publique s’est appuyé sur une fiche mensongère fabriquée de toute pièce par les hommes du président Bozizé (…) Le président Bozizé et son entourage cherchent d’une manière éhontée à torpiller le processus électoral irréversible en cours. Cette annonce de pseudo projet de coup d’État est un non événement et constitue une fois de plus une diversion de la part des autorités de Bangui ayant déjà gouté à la culture de coup d’Etat ».
Il ajoute que son patron, Ange Félix Patassé, exige que Bangui apporte des « preuves irréfutables » du « soi-disant projet de coup d’Etat ». Mais, également, qu’il fasse toute la lumière sur la disparition du colonel Massi.