En annonçant un taux de participation de 76,31% lors des élections présidentielles et législatives du 27 décembre dernier, l’Autorité nationale des élections s’est complètement emmêlé les pinceaux et a commis un flagrant délit. Car ce qui se passait en Centrafrique était connu de tous.
C’est sous une forte tension que les Centrafricains sont allés aux urnes pour les élections présidentielles et législatives du 27 décembre. Les trois quarts du pays sous la pression des rebelles, seule la capitale Bangui offrait des espoirs de sécurité avec le déploiement massif des forces de sécurités, notamment étrangères.
Malgré la présence massive des Casques bleus, les populations craignaient de sortir en masse pour accomplir leur devoir civique, conscientes que ce calme était précaire. Et que les rebelles, à tout moment, pouvaient effectuer des assauts, frapper et mettre leur vie en danger. Raisons suffisantes pour ne pas tenter le diable et aller voter au risque de croiser la mort.
Dans ce contexte, peu de Centrafricains avaient osé se rendre aux urnes. La plupart des votants, bien entendu, avaient des engagements vis-à-vis d’un quelconque parti politique. Et ces votants, d’après les derniers chiffres, sont au nombre de 695 019 : soit 37% des électeurs inscrits sur les listes électorales, loin, très loin même des 76,31% de participation annoncés par l’Autorité nationale des élections.
Et c’est dans ce contexte que lundi soir, l’Autorité des élections a déclaré le Président sortant, Faustin-Archange Touadéra, vainqueur au premier tour avec 53,92% des voix. Bien évidemment, ce résultat provisoire, en attente de certification par la Cour constitutionnelle, est contesté par dix des seize candidats de l’opposition.
L’Autorité des élections en Centrafrique, pour avoir déclaré que le taux de participation est de 76,31%, dans un contexte que le monde entier connaît, s’est lui-même fait épingler, en flagrant délit de diffusion d’informations non conformes à la réalité. Car, ce taux de participation est difficilement atteint par des pays stables, sans conflit aucun.
Par exemple au Ghana, un des exemples de la démocratie en Afrique, ce taux était de 79% lors de la dernière Présidentielle. Dire que le Ghana est un pays « sûr », avec zéro conflit armé. Ce même taux de participation aux élections était de 75% en Guinée Conakry, 53, 90% en Côte d’Ivoire. Aux Etats-Unis, ce taux était de 66,9%, et il était jugé comme étant le plus élevé depuis 1900, alors que le pays de l’Oncle Sam enregistrait 73,3% de votants.
D’où est-ce que l’Autorité des élections en Centrafrique a-t-elle bien pu dénicher ses 76,31% de participation lors de ces élections présidentielles et législatives tenues dans ce pays en proie à un chaos sans précédent ?