Les rebelles du Séléka, en confrontation avec François Bozize depuis plusieurs mois, ont lancé un ultimatum au président centrafricain qui a trois jours pour respecter leurs revendications. Ils menacent de reprendre les armes si le dirigeant s’entête. Eric Massi, porte-parole de la rébellion, nous donne les raisons de la colère de son mouvement.
Afrik.com : Pourquoi avez-vous décidé de lancer maintenant un ultimatum au président François Bozizé ?
Eric Massi : L’accord de Libreville a été signé il y a deux mois. Il n’a toujours pas été mis en place par le président François Bozizé. Rien n’a été respecté. Il y a dix jours, le Premier ministre centrafricain est allé à la rencontre du Séléka. Il a estimé que les revendications du mouvement sont légitimes. Mais depuis nous attendons toujours son retour qui n’a pas eu lieu. Je rappelle que nous revendiquons toujours la libération de l’ensemble des prisonniers du Séléka, la fin des arrestations arbitraires et le départ des troupes sud-africaines, chargées de protéger François Bozizé.
Afrik.com : N’avez-vous pas l’impression que François Bozizé vous a menés en bateau depuis le début du conflit qui vous oppose à lui ?
Eric Massi : Effectivement nous constatons que Bozizé n’a pas respecté ses engagements depuis le début de la crise. Pour le chef d’état-major du Séléka, il est temps que cela cesse. Les hommes du Séléka doivent être satisfaits de leurs revendications. Il est temps que Bozizé prenne en main ses responsabilités ! Bozizé s’entête toujours à déployer ses troupes sur l’ensemble du territoire. Cette situation ne peut plus durer ! Elle est devenue supportable pour les rebelles du Séléka mais aussi pour le peuple centrafricain. Le maintien de Bozizé au pouvoir ne permet pas de ramener la paix. Or nous avons toujours souhaité le retour à la paix et sécurité dans le pays. Nous sommes persuadés que son départ permettra à la société centrafricaine de repartir de l’avant.
Afrik.com : Ce n’est pas la première fois que vous menacez de reprendre les hostilités. Vous n’avez jamais mis vos menaces à exécution. Cette fois-ci, comptez-vous aller jusqu’au bout ou est-ce juste un effet d’annonce ?
Eric Massi : Dès l’expiration du délai de trois jours s’il ne respecte pas ses engagements, nous envisageons de reprendre les hostilités. Il faut savoir que depuis dix jours le Séléka a procédé à la sécurisation de plusieurs villes comme Bangoussa, car nous avons constaté que des armes en circulation ont été récupérées par le régime de Bozizé. Une situation qui peut se révéler dangereuse.
Afrik.com : François Bozizé ne semble jusqu’à présent jamais avoir pris vos menaces au sérieux. S’il s’entête que va-t-il se passer ? Comptez-vous le déloger de force comme vous l’aviez annoncé lors de votre premier entretien avec Afrik.com ?
Eric Massi : Oui tout à fait. Nous prendrons les mesures nécessaires s’il ne réagit pas. Lorsqu’un accord est signé et qu’une des parties ne le respecte pas, il est caduc. En l’occurrence, l’accord que nous avons signé avec Bozizé est caduc ! Il faut prendre la réalité de la situation avec le plus grand sérieux et toute la mesure qu’elle requiert. Nous ne sommes pas dans un jeu.
Afrik.com : La Cemac s’est-elle, selon vous, suffisamment impliquée pour résoudre la crise centrafricaine ?
Eric Massi : La Cemac est toujours active pour tenter de régler la crise. Ses membres suivent la situation avec attention.