Une année après la déchéance de l’ancien Président Bozizé, la parole se lâche peu à peu sur le complot qui a favorisé l’avènement des enturbannés au pouvoir.
Plusieurs bruits de couloirs, qui devraient certainement passer au crible de la raison ces temps-ci, laissent entrevoir une implication indubitable de certains leaders politiques centrafricains dans l’éviction de Bozizé. Seulement, cette éviction qui était relativement approuvée par une partie de la population s’est très vite transformée en eau de boudin. Il ne serait guère fastidieux de reconnaître que cette prise de pouvoir à la hussarde n’a été qu’un non événement. On n’a point besoin de fouiner les conséquences incalculables de ce coup de force comme on cherche une aiguille dans une botte de foin, car les faits sont démontrables.
D’ores et déjà, l’histoire retiendra que les enturbannés ont complétement détricoté et détraqué tout le système institutionnel de la Centrafrique. Aussi, ils ont abusivement détruit le tissu économique et social. Une chienlit organisée qui donne vraisemblablement naissance à une dépravation des mœurs, une ghettoïsation forcée d’une partie de la population et une désacralisation des objets sacrés. En plus, les tueries, les carnages, les pillages et les actes de vandalisme sont légions dans le pays. Tellement que ces actes de barbaries sont impunis, de facto ils ont engendré plusieurs réactions vindicatives.
Aujourd’hui, il faut reconnaître que la Centrafrique se trouve dans un bourbier qui risque de l’engloutir. Non seulement la fracture sociale dans le pays s’aggrave au fur et à mesure, mais l’insécurité a également atteint son paroxysme. Des corps putréfiés jonchent encore les bordures des routes et dégagent par la même occasion une odeur nauséabonde. En outre, les forces étrangères semblent s’enliser davantage sur le théâtre des opérations pour la simple raison qu’elles peinent à imposer la paix sur toute l’étendue du territoire. Au demeurant, la Centrafrique ressemble tout simplement à un pays fantôme. Tout porte à croire que Djotodia avait juste voulu dégommer ce pays sur le calendrier du XXIe siècle pour le ramener au moyen âge, en prétextant une guerre inter-religieuse qui n’a réellement pas sa raison d’être.
En dépit de la nouvelle transition, le pays semble figé. De surcroît, le tandem Samba Panza et Nzapayéké n’arrive pas à impulser une nouvelle dynamique pouvant contribuer inlassablement à la reconstruction nationale. En vérité, Madame Samba Panza avait hérité d’un pays manifestement dépravé, mais cette situation de fait ne lui donne pas un droit d’excuse au point de s’apitoyer sur son manque de maturation politique. Incarne-t-elle la transition fusionnelle que réclame incessamment la Centrafrique profonde ? Si oui, pourquoi les armes crépitent-elles encore au point que la chance d’une paix durable s’amenuise ? Si on a réussi à précipiter le départ de Djotidia avec les mots, on n’hésitera pas d’en utiliser contre les maux qui gangrènent la Centrafrique.
Par Rodrigue Joseph Prudence Mayte, chroniqueur, polémiste