Simplice Kodégué, porte-parole de la présidence de la République, a animé une conférence de presse le 29 octobre 2013, à l’hôtel Ledger Plazza, à Bangui. Au centre du débat avec les journalistes, la prise de position de la Présidence par rapport aux récents et malheureux événements survenus le samedi 26 octobre dernier dans la ville de Bouar, localité du nord-ouest située à 400 Km de Bangui.
Dans les péripéties de la recrudescence des violences dans la partie nord et nord-ouest de la République centrafricaine, une attaque sanglante a été perpétrée le samedi 26 octobre 2013 à Bouar. Le bilan officiel fait état de quatre morts et des blessés, mais « aucune victime parmi la population civile » comme l’a indiqué le porte-parole de la Présidence, Simplice Kodégué. Cette dernière attaque armée a suscité la réaction de la Présidence, au point de mener à l’organiser une conférence de presse pour situer l’opinion nationale et internationale sur le phénomène « Anti-balaka ».
Le nord-ouest de la RCA sous menace armée
Les attaques du nord-ouest, notamment de Bossangoa, Bouca, Bouar et environs ont été comprises jusque-là comme « l’expression de l’exaspération du peuple face aux exactions répétées des éléments de l’ex-coalition séléka », comme l’avait souligné Cyriaque Gonda porte-parole de l’ex-majorité présidentielle. Au fait, les jeunes de ces localités ne pouvant plus assister impuissants au viol de leurs femmes et leurs sœurs, au pillage de leurs biens, aux assassinats de leurs parents; ils se sont organisés en autodéfense à la faveur de leur instinct de survie. Malheureusement, les débordements de ce système d’autodéfense ont transformé les attaques à ce que Mgr Dieudonné Nzapalainga craignait et qualifiait de « match retour ». C’est-à-dire, pour reprendre les termes du Premier ministre Me Nicoals Tiangaye « les familles de confession musulmane ont été massacrées ».
Face à cette situation, le président Djotodia, pour défendre les musulmans placés en orbite par les anti-balaka, a immédiatement pris l’initiative d’ouvrir un dialogue avec ces derniers pour stopper ce retour de manivelle. C’est ainsi que quelques délégués des anti-balaka avaient fait le déplacement de Bangui, début octobre, et à tête-à-tête, les discussions portées essentiellement sur la sécurisation de la population avaient eu lieu. Malheureusement, une fois de plus, ces négociations entamées par Djotodia ont finalement accouché d’une souris. « Nous avons été désagréablement surpris de l’attaque de Bouar », a déclaré le Conseiller Jean Jaques Démafouth. Puisque le 24 octobre, les anti-balaka ont envoyé un ultimatum aux ex-séléka de la ville de Bouar pour un imminent assaut. Ce message a semé la panique parmi la population de la localité et une psychose généralisée s’est emparée de la ville de Bouar, trois jours durant. Selon Simplice Kodégué, c’est finalement le samedi 26 que ces combattants ont pris d’assaut le ville. Le porte-parole a indiqué que l’ultimatum a permis au forces de défense et de sécurités de renforcer les dispositifs militaires dans la ville, ce qui a eu comme conséquence la délocalisation du combat à l’extérieur de la ville, afin d’éviter un drame parmi la population civile.
Par contre, le porte-parole rejette en bloc, au nom de la première institution de la République, l’attribution de ces attaques au groupes des anti-balaka. « Il ne s’agit pas d’une quelconque groupe d’autodéfense, encore moins d’anti-balaka; il s’agit plutôt d’un mouvement de rébellion en gestation, tenu par des proches du Président déchu, François Bozizé et quelques éléments des FACA qui continuent de le suivre. Ainsi, ils doivent être traités comme tels », note Kodégué qui fait allusion non seulement aux armements lourds que détenaient ces combattants, mais aussi la manière dont ils se sont organisés. Il a noté qu’il y avait eu « quatre colonnes de 200 hommes qui avaient comme objectif de prendre le contrôle de l’aérodrome de Bouar » et d’ajouter qu’« ils veulent prendre l’aérodrome, en vue de s’approvisionner par voie aérienne en armement pour descendre sur Bangui ». Le Conseiller Jean Jacques Démafouth crève l’abcès en avouant que « la RCA est dans une position d’attaque armée. Et les forces de défense et de sécurité se préparent en conséquence ». Il a même indiqué que le Conseil national de sécurité tient à l’œil les autres localités, notamment celles de Yaloké, Bogangolo, Damara, Pissa, Bangui-Bouchia, etc… où la présence des anti-balaka a été signalée à un moment donné.
« L’Etat doit prendre ses responsabilités »
Toutefois, la Présidence ne baissera pas les bras devant cette menace, puisque désormais, la première institution ne considérera plus ces attaques comme celles des anti-balaka, mais d’une rébellion naissante. « Nous allons user de toutes les stratégies militaires, s’ils ne veulent pas dialoguer, pour résoudre ce problème! », a martelé le Conseiller Yamalet. Ce denier a reconnu que le pays dispose d’hommes, (90% des FACA sont revenus), mais il manque seulement des équipements et qu’avec l’appui de la communauté internationale, surtout dans le cadre de la MISCA, ce problème sera résolu. Quant au Conseiller Maurice Yondo, il a regretté le fait que le dernier Sommet des Chefs d’Etat de la CEEAC du 21 octobre à N’Djamena a pris de bonnes initiatives pour la résolution de problèmes de sécurité en RCA. Or, la reprise de cycles de violences dans le pays ne fera que faire reculer la RCA.
Somme toute, l’on sait pertinemment, même s’il y a eu une récupération politique de la réaction des anti-balaka, il ne faut pas se leurrer qu’il a été, au départ, l’expression de ras-le-bol des populations victimes des exactions des ex-séléka. A cet effet, les représailles ou la contre-offensive de l’Etat doivent tenir compte de cet aspect pour éviter des drames aux pauvres innocents.