Centrafrique : brouilles au sein de la CPC


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François Bozizé
François Bozizé

Les dissensions entre les responsables de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), mouvement armé centrafricain, se font de plus en plus profondes. Alors que l’un d’entre eux a annoncé la cessation des hostilités sur toute l’étendue du territoire, il est rapidement repris par certains de ses pairs qui parlent d’une décision isolée, prise sans concertation avec le reste des membres de la coalition.

La Coalition des patriotes pour le changement (CPC) va-t-elle connaître une implosion ? Tout semble montrer que la coalition rebelle court inexorablement à sa perte. Puisque la rupture d’harmonie au sein des responsables de la coalition rebelle qui perdure depuis plusieurs mois a montré un nouvel épisode. Depuis dimanche, en effet, un communiqué signé le 26 juillet par le général Ali Darassa Mahamat, coordonnateur militaire, chef d’état-major général de la CPC, circule sur les réseaux sociaux. Selon ce communiqué, la CPC met « fin à toutes les hostilités sur l’étendue du territoire de la RCA ». Le texte précise que cette décision « s’impose aux deux parties (rebelles et forces gouvernementales, ndlr) ». Par ailleurs, le général Ali Darassa Mahamat souligne que la CPC est disposée à entrer en pourparlers avec le gouvernement centrafricain pour le retour de la paix, de la sécurité et de la cohésion sociale dans le pays.

Le général Ali Darassa Mahamat désavoué par une frange de la coalition

Le communiqué signé par le chef d’état-major de la CPC et qui exprime les nouvelles dispositions de la coalition rebelle ne rencontre pas l’adhésion de toutes les composantes de ladite coalition. Ainsi, le lundi 5 août, des voix se sont élevées au sein du groupe pour fustiger l’acte posé par Ali Darassa Mahamat. Elles ont dénoncé « une décision prise sans concertation avec tous les autres leaders ». Le colonel Hammadou Rawandou des 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), un des six mouvements membres de la CPC, s’est voulu catégorique : « Nous apportons un démenti formel à ce communiqué. Il a fait ce communiqué sans contacter le coordonnateur général (François Bozizé, ndlr). En principe, c’est le coordonnateur général de la CPC qui devrait prendre la décision d’arrêter les opérations militaires sur le terrain ».

Réagissant au communiqué, François Bozizé, très silencieux depuis son arrivée dans sa nouvelle terre d’exil, la Guinée-Bissau, a tout de même publié une déclaration dans laquelle il qualifie Ali Darassa Mahamat de « traître », indiquant que son communiqué n’engage que lui.

Un mouvement en perte de vitesse

Constituée en décembre 2020 avec le projet d’empêcher la tenue des élections législatives et présidentielle en Centrafrique, la CPC avait, dans un premier temps, réussi à prendre le contrôle d’une partie non négligeable du territoire national. Puis, elle a été progressivement chassée par l’armée et ses soutiens russes de la plupart de ses positions, ce qui a contraint ses principaux responsables à l’exil ou à prendre le maquis. Des dissensions ne tardèrent pas à apparaître au sein des responsables. Début novembre 2023, le Mouvement patriotique pour la Centrafrique de Mahamat Al-Khatim s’est retiré de la coalition pour engager des discussions avec le gouvernement de Bangui. Même l’autorité de François Bozizé à la tête de la coalition est contestée. Des indices qui ne trompent point sur l’avenir désormais incertain de la coalition.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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