Le directeur général de la Radio-Centrafrique, M. David Gbanga a engagé un bras de fer avec son ministre de tutelle, M. Christoph Gazam-Betty. A l’origine, la suspension des émissions propagandistes et révoltantes de la cellule de communication de la présidence de la République, notamment « Yéso é linbgi ti inga » et « la vision du chef de l’Etat ».
(De notre correspondant)
« Yeso é lingni ti inga » est une émission de la radio-Centrafrique réalisée et animée par la cellule de communication de la présidence de la République. Seulement, cette émission est très contestée par la plupart des Centrafricains étant donné que le contenu est révoltant et que les animateurs sont amateurs ne respectant ni la déontologie ni l’éthique dans leur présentation.
L’une des missions assignées au gouvernement d’union nationale est de reformer l’administration publique qui est devenue pourrissante et improductive. Or, les réformes qui sont en train d’être mises en place par le gouvernement se heurtent à une résistance farouche de certains cadres inféodés au parti du président de la République.
Le Ministre de la communication, M. Christophe Gazam-Betty a été empêché d’entrer à la radio par des éléments de la garde présidentielle instruits dit-on d’en-haut. Son péché c’est d’avoir suspendu deux émissions de la haine réalisées par la cellule de communication politique de la présidence de la République, notamment « Yéso é lingbi ti inga » et « Vision du chef de l’Etat », deux émissions intouchables nées de la volonté du Président Bozizé. Ces rendez-vous télévisés répand à longueur de journées des injures, de la grivoiserie, des propos d’appel à l’intolérance politique contre des fils du pays qui osent penser différemment sur la gestion des affaires de leur propre pays.
M. Gazam-Betty le savait. Il ne se faisait non plus d’illusion sur la résistance farouche de Bozizé à une éventuelle décision de suspension de ces espaces qui ont transformé les médias d’Etat en champs de propagande au service d’un individu soit-il le président du parti au pouvoir. Or, en prenant fonction, le patron de la communication a insisté sur la liberté des journalistes et l’indépendance de l’appareil de communication de l’Etat. Raison pour laquelle, il faudra bien prendre le taureau par les cornes si besoin en est réellement de relever le défi de la gouvernance démocratique qui a discrédité le pays à ce jour.
Mais d’où vient la force du directeur général de la radio au point qu’il s’oppose à la décision de son ministre ? Certainement de Bozizé ou de ses caciques qui parfois posent des actes à son insu. Mais là encore faut-il se demander dans quel intérêt Bozizé ferait cela, puisque les accords de Libreville ont tout ficelé d’avance et que la moindre erreur entrainera des conséquences fatales pour son régime.
Signalons que lorsque le ministre Gazam-Betty a appris qu’en dépit de la décision de suspension des émissions en question, le directeur général de la radio publique en a fait passer sur les ondes, il a tiqué et a pris immédiatement une décision, mais cette fois-ci pour supprimer purement et simplement ces émissions. Une persistance dans la diffusion de cette émission serait le bouton rouge pour une nouvelle situation de crise, puisque cela peut entraîner la démission du ministre de la communication et ainsi l’embrasement de tout le système.
Cette situation au Ministère de la communication inspire certainement plus d’un observateur quant à la nature de la cohabitation au sein de ce gouvernement d’union, surtout dans les ministères occupés par les représentants du Séléka ayant pour ministre délégué, des personnalités du régime au pouvoir.