Le mandat de François Bozizé expire le 11 juin. Mais le parlement centrafricain a voté lundi sa prorogation jusqu’à l’organisation des élections, qui ont déjà été reportées par deux fois. La Commission électorale indépendante (CEI) doit rechercher des financements, et proposer une nouvelle date pour la tenue des scrutins présidentiels et législatifs.
François Bozizé, le président centrafricain dont le mandat de cinq ans expire le 11 juin restera au pouvoir jusqu’à l’organisation de nouvelles élections. Telle est la décision prise par le l’Assemblée nationale centrafricaine, qui a adopté, lundi, 95 voix pour, 6 contre et une abstention, un projet de loi permettant de proroger le mandat présidentiel, jusqu’aux élections présidentielle et législatives, dont la date n’est pas encore connue.
Cette intervention de l’Assemblée nationale centrafricaine fait suite au report des deux élections, en avril, à la demande de la classe politique, de la société civile et des bailleurs de fonds du processus électoral centrafricain, qui avaient estimé que le pays ne remplissait pas les conditions de la tenue d’élections non contestées. Initialement prévus le 25 avril, les scrutins avaient été une première fois reportés au 16 mai, avant d’être de nouveau renvoyés à une date ultérieure.
L’Assemblée centrafricaine a affirmé avoir consulté toutes les parties intéressées au processus électoral (pouvoir, opposition, mouvements rebelles ayant intégré les accords de paix, société civile et communauté internationale), avant les débats sur la prorogation du mandat présidentiel. Le Collectif des forces du changement, composé de l’opposition et d’ex mouvements rebelles se serait ainsi engagé à ne pas contester la légitimité de François Bozizé, jusqu’aux élections.
Le Fodem opposé à la prorogation du mandat de François Bozizé
Toutefois, pour le Forum démocratique pour la modernité (Fodem), le mouvement politique de Charles Massi, François Bozizé n’aurait pas dû continuer à gérer le pays, à la fin de son mandat. « Le Fodem France propose à la représentation nationale de valider un schéma qui interdit aux candidats à l’élection présidentielle de participer à la gestion du pays durant la période de transition électorale », a écrit Saturnin Ndomby, le président du Fodem France, dans un communiqué daté du 1er mai. Il a ajouté : « Cette proposition a l’avantage d’apaiser et d’avoir un processus électoral crédible. Ainsi, les différents candidats se consacreront entièrement à leurs activités de propagande politique et électorale ».
La commission parlementaire a recommandé à la Commission électorale indépendante (CEI), d’élaborer dans les meilleurs délais, un chronogramme « précis et réaliste », et un budget pour l’organisation des élections. La CEI doit aussi proposer une période butoir pour la tenue de celles-ci. Dans son rapport, la commission parlementaire a aussi suggéré la mise en place « d’un cadre de dialogue entre le gouvernement et toutes les entités (…) afin de garantir un climat politique apaisé propice à l’organisation et à la réussite des élections ». Elle a enfin recommandé « la poursuite du lobbying auprès de tous les pays amis de la Centrafrique en vue de boucler le budget électoral ».
François Bozizé sera-t-il tenté, comme certains présidents africains, de perpétuer son séjour à la tête de l’Etat centrafricain, en faisant reporter sine die les élections? La question reste entière.