Plongé dans la peur et le chaos, la République centrafricaine a désormais un cataclysme moins évident à régler : la crise humanitaire.
La prise de Bangui dimanche dernier par les rebelles de la Séléka plonge à nouveau le pays dans un gouffre humanitaire profond. Une large partie des populations centrafricaines, plus de 60%, vivaient déjà dans des conditions précaires sous la présidence de Bozizé. Insécurité, chaos et pillage ne font pas bon ménage dans la capitale où près d’un tiers des habitants de Bangui vit dans la pauvreté. Ce cocktail dramatique contribue à rendre la population vulnérable, contrainte de migrer vers des zones sûres.
Avant la crise centrafricaine qui a éclaté en décembre 2012, plus de 30% des ménages n’arrivaient pas à couvrir de « façon adéquate leurs besoins alimentaires », relève Action contre la faim qui s’active sur le terrain pour venir en aide aux Centrafricains les plus démunis. Depuis le début des combats, un déficit alimentaire sur tous les types de denrées alimentaires a été observé à hauteur de 25%.
Après un week-end mouvementé à Bangui, les habitants de la capitale reprennent progressivement leurs activités. Cependant, même si les marchés ont rouvert, les prix demeurent élevés en raison du conflit. Pourtant, une grande partie de la population de Bangui a « tout perdu dans les destructions et les pillages ».
Difficiles réapprovisionnements
Autre problème selon Alain Coutant, Directeur régional à Action contre la Faim, plusieurs dommages ont été subis par les infrastructures de santé à Bangui. « Les pillages et destructions ont été massifs, notamment dans les hôpitaux, alors que les structures sanitaires sont déjà en temps normal largement insuffisantes par rapport aux besoins », déplore-t-il. Une antenne de l’organisation humanitaire a été détruire à Bossangoa, à l’ouest du pays. Les traitements contre la malnutrition des enfants n’ont toutefois pas été touchés par la crise.
La destruction du centre Action contre la Faim a été un coup dur pour l’organisation. Même si l’équipe sur place a pu sauver les principaux matériels de secours, le fait de transiter du matériel à l’intérieur de la RCA relève du parcours du combattant.
Protection humanitaire
Les organisations humanitaires, dont Action contre la Faim, appellent toutes les parties concernées par la crise centrafricaine à respecter la neutralité des hommes et des femmes venus secourir les populations en détresse. Elles appellent également à préserver les bâtiments médicaux, le nerf de la guerre. Elles tiennent à rappeler que leurs actions, indépendantes, visent à aider les populations victimes. En retour, elles attendent une protection à l’accès des habitants aux soins.
Sans électricité, sans eau et sans médicaments, ces conditions sanitaires déplorables font craindre le pire aux médecins humanitaires. « Si rien n’est fait de façon urgente dans les jours qui viennent, on sera confronté à un désastre, à une grande catastrophe humanitaire à l’hôpital communautaire de Bangui », prévient le docteur Edmond Djinhiba de Médecins sans frontières, rapporte France 24.