C’est en l’honneur du Centenaire de la naissance du premier Président du Cameroun Ahmadou Ahidjo que s’est ouvert le 23 août 2024 à Yaoundé une exposition retraçant la vie de celui qui mena son pays vers l’indépendance puis la réunification et l’unification.
Ahmadou Ahidjo, après avoir gouverné le Cameroun de 1960 à 1982, démissionna et fut quelques années plus tard accusé d’être l’instigateur d’une tentative de coup d’État visant a destituer son successeur constitutionnel, Paul Biya. L’exposition qui se terminera le 24 septembre 2024 dans l’auditorium de la Fondation MUNA est l’initiative d’Akere Muna, fils de Salomon Tandeng Muna, ancien vice-président du Cameroun fédéral et proche collaborateur d’Ahidjo.
Qui était Ahmadou Ahidjo ?
Né le 24 août 1924 à Garoua, Ahmadou Ahidjo est issu d’une famille peule et élevé dans la religion musulmane, après l’obtention de son C. E. P. E en 1939, il est diplômé de l’école primaire supérieure de Yaoundé en 1942 et intégré comme fonctionnaire télégraphiste au cours de la même année puis opérateur de P. T. T. En 1943 il est élu membre de l’Assemblée Territoriale du Cameroun (ATCAM). Il devient en 1952 conseiller de l’Assemblée de l’Union Française et vice-président de celle-ci en 1956.
Ahidjo l’homme du 5 mai 1960
En février 1957, Ahidjo est nommé vice-premier ministre chargé de l’intérieur après l’octroi de l’autonomie interne au Cameroun puis ministre de l’intérieur le 17 mai 1957. Le 19 février en remplacement d’André Marie MBIDA il est investi comme nouveau premier ministre du Cameroun. Après une gouvernance assez tumultueuse en raison du début du maquis et du combat sans pitié engagé contre l’ANC, avec le soutien des conseillers militaires français, le 5 mai 1960 Ahmadou Ahidjo est élu Président de la République du Cameroun et devient l’artisan de la réunification du Cameroun en 1961.
En 1966 emporté par la tendance autoritaire qui prend de l’ampleur en Afrique dans cette période, il institue le parti unique, et en 1972 la République fédérale du Cameroun devient République Unie du Cameroun, avec une seule étiole à son drapeau tricolore.
« L’autorité absolue dont il faisait preuve était-elle le seul moyen de faire trouver les voies de l’unité politique à cent peuple divers brassés dans une commune destinée par les avatars et les vicissitudes de l’Histoire? » s’interrogeait Hervé Bourges, fondateur en 1970 de l’Ecole Supérieure Internationale de Journalisme de Yaoundé (ESIJI, aujourdhui ESSTIC). Ahidjo se faisait fort de retourner ce handicap historique en avantage : « La diversité ethnique, linguistique, géographique qui caractérise le Cameroun a toujours été considérée, non sans raison, comme un obstacle majeur à l’unité nationale. Mais cette diversité n’est pas notre moindre richesse : le bilinguisme pour lequel nous avons opté, la défense d’un patrimoine culturel varié, la cohabitation des religions chrétienne, musulmane, animiste, indiquent assez que nous entendons sauvegarder et enrichir le pluralisme de notre civilisation. Tout en oeuvrant sans relâche pour éliminer cet aspect négatif de la diversité ethnique que constitue le tribalisme… »
Les dons politiques indéniables du « petit Peul »
Certes précise Hervé Bourges dans son ouvrage « De Mémoire d’Elephant » (Paris, Grasset, 2000) « les intellectuels camerounais n’avaient pas grande considération pour celui qu’ils nommaient « le petit Peul ». Mais il était beaucoup plus doué qu’eux pour la chose politique, l’appréhension exacte des forces sociales de son pays, l’alchimie secrète à établir et à maintenir entre les différentes ethnies, aux clivages profonds et au passé sanglant« .
Le jeudi 4 novembre 1982 à la surprise générale des Camerounais comme de la communauté internationale, Ahmadou Ahidjo démissionne de ses fonctions de Président de la République unie du Cameroun, cédant ainsi sa place à son successeur constitutionnel Paul Biya.
Exilé au Sénégal, il décède le 30 Novembre 1989 à Dakar après avoir été accusé d’une tentative de coup d’état contre son successeur. De ce fait, sa mémoire est un sujet sensible au Cameroun où des Camerounais continuent néanmoins à réclamer le rapatriement avec tous les honneurs de sa dépouille, afin d’inscrire ce grand homme politique camerounais dans la mémoire historique du pays, car il faut le noter la majorité des moins de 50 ans ne savent plus réellement qui fut le premier Président du Cameroun.