Cent vingt mille réfugiés congolais en danger


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La violence dans la province de l’Equateur en République démocratique du Congo fait encore des victimes par centaines, aggravant davantage le flux de réfugiés vers les pays voisins. Les 120 000 rescapés, qui ont fui depuis novembre en République du Congo et en Centrafrique, sont encore en danger car les ONG n’ont pas accès à beaucoup d’entre eux. L’urgence est de leur garantir une protection.

La situation se dégrade. Environ 120 000 réfugiés congolais ont fui la province de l’Equateur (RDC) pour se masser sur près de 500 kilomètres le long du fleuve Oubangui, où la situation humanitaire est des plus préoccupante. Les autorités du Congo-Brazzaville et le Centrafrique les ont appelé à rentrer dans leurs villages d’origine. Mais ils considèrent que les conditions de sécurité n’y sont pas suffisantes. D’après des récits récoltés par Médecins Sans Frontières (MSF), les réfugiés se sentent, par contre, relativement en sécurité en République du Congo.

L’exode a commencé après l’attaque de la ville de Dongo le 28 octobre, dans la région de l’Equateur. Les violences ont éclaté entre les tribus Enyele (Lobala) et Muzaya qui se disputent le contrôle d’un étang poissonneux. Une deuxième vague de départs, massive et mieux organisée, est survenue fin décembre, lorsque Kinshasa, qui entre-temps a repris le contrôle de Dongo, a annoncé son intention de rétablir l’ordre coûte que coûte.

Les besoins des réfugiés qui ont fui la violence dans la province de l’Equateur, et qui sont maintenant en République du Congo (107 000[[selon les autorités du Congo Brazzaville et de Centrafrique]]) et en République Centrafricaine (15 à 17 000), sont « énormes », a déclaré le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), lors d’une rencontre avec MSF à Genève le 8 janvier.

« La situation des réfugiés varie. Certains ont trouvé refuge dans des structures politiques, certains ont construit leur propre logement, d’autres n’ont rien et vivent dans la rue », a affirmé ce matin lors d’une conférence de presse organisée à Paris, Laurent Sury, responsable adjoint des programmes d’urgence de MSF en RDC.

Une enquête sur la mortalité

1700 personnes sur une population de 40 500, interrogées par MSF, sont décédées de mort violente. Telle est la conclusion de l’enquête menée par le centre épidémiologique Epicentre entre le 17 et le 25 décembre dans cinq villages du district de Bétou, en République du Congo. 946 familles réfugiées, soit une sur sept, ont été interrogées. Les chefs de famille ont répondu à une série de questions posées pour mieux appréhender leurs conditions de vie.

« Plus de 4% de la population prise en compte par l’enquête a été victime d’une mort violente entre le 28 octobre et le décembre 2009. La majorité des décès a eu lieu pendant une courte période, entre le 28 octobre et le 3 novembre », a déclaré aujourd’hui l’auteure de l’enquête, Axelle Ransse. Les principales victimes sont les hommes (60%) et les enfants de moins de 15 ans (25%). Ils ont été attaqués par arme blanche ou par balle.

Un manque d’organisation

En raison de la venue en plusieurs vagues des réfugiés, l’aide internationale est arrivée tardivement. Ainsi, MSF a installé 16 cliniques le long de la rivière Oubangui et prévoit de distribuer gratuitement des ustensiles (moustiquaires, bâches). « L’atout pour nous, c’est l’hospitalité des gens du Congo qui reçoivent les réfugiés à bras ouverts. La population locale aide énormément et contribue à éviter une catastrophe majeure pour le moment », assure Laurent Sury.

Mais les besoins essentiels ne sont pas encore couverts malgré la mise en place d’une assistance, notamment alimentaire, des Nations Unies. L’accès aux soins des réfugiés est très limité à cause d’un manque de structures médicales, du coût de l’assistance et de l’inaccessibilité de certaines zones.

Médecins Sans Frontières condamne la lenteur mise par le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) pour agir. « Ce sont de vrais réfugiés qui fuient une vraie guerre !», rappelle Marie Pierre Allie, présidente de Médecins Sans Frontières. L’urgence est de protéger les réfugiés et de leur redonner une dignité.

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