La star égyptienne Soad Hosni est morte ce week-end à Londres à l’âge de 57 ans. Malade, oubliée, déprimée, l’idole de la jeunesse arabe des années 70 se serait suicidée car elle se savait atteinte d’une maladie incurable. Retour sur une actrice qui symbolisait la joie de vivre.
Qu’il est triste de mourir un vendredi à Londres loin des siens, loin du Caire. Selon toute vraisemblance, Soad Hosni a fait ce choix douloureux. Même le très sérieux » Al-Ahram » n’exclut pas la thèse du suicide. » La Cendrillon du cinéma égyptien rejoint ainsi d’autres artistes authentiques qu’un mal de vivre a poussé vers la mort tels que Marilyn Monroe et Dalida « . Le président égyptien a affrété un avion spécial pour rapatrier sa dépouille. Soad Hosni est considérée comme une grande star en Egypte et dans le monde en arabe. La télévision égyptienne a interrompu ses programmes pour annoncer sa mort.
Dans les années 70, elle fut adulée par toute la jeunesse arabe. Elle refusait de mettre une perruque blonde pour ressembler aux actrices américaines, très aimées aux pays des Pharaons. Celle qui interpréta neuf des dix meilleurs films égyptiens donna vie à la beauté orientale : brune, sensuelle et yeux noirs avides d’amour. Le mythe est né. Il sera plus ancré encore quand, telle Greta Garbo, elle se réfugia 17 ans durant à Londres, loin de toutes les caméras.
L’amour et la politique
Si le public a retenu d’elle son rôle sulfureux de danseuse du ventre dans » Méfie-toi de Zouzou « , l’actrice, elle, a refusé de se cantonner dans la prison dorée du sexe symbole. Tout en continuant à divertir son public de base avec des films commerciaux d’époque, des comédies musicales et des films d’amour, elle accapare le cinéma politique. Elle a commencé en1966 avec Al-Qahira 30 (Le Caire des années 1930), adapté d’un roman de Naguib Mahfouz puis a incarné une étudiante violée et torturée dans les prisons nassériennes dans « Al-Karnak », adaptation d’un autre roman du même auteur avant d’enfiler toute une série de films politiques.
Soad Hosni a été la seule star de sa génération à jouer un si grand nombre de films politiques, tout en maintenant son genre de prédilection, la comédie musicale. Sa dernière prestation date de 1991 dans le film « Le berger et les femmes » où elle jouait une vieille fille en mal d’amour, sous la direction de son ex-mari, le cinéaste Ali Badrakhan. Ses fans ont cru alors à une résurrection. Elle a décidé que c’était son dernier film.