Cemac : le Tchad et le Cameroun sur le départ ?


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En marge de la prestation de serment du nouveau président sénégalais, Macky Sall, le Premier ministre tchadien, Emmanuel Ndingar, a, selon le bloggueur, Evariste Koné Djeketé, initiateur du GRAT (Groupe de réflexion et d’Action du Tchad), déclaré que l’adhésion du Tchad « à la Cédéao est en bonne voie ».

A strictement parler, le Tchad est bel et bien situé en Afrique de l’Ouest si l’on considère comme telle la région qui, sur le flanc atlantique, s’étend des pays côtiers au nord du golfe de Guinée au Fleuve Sénégal.

Le Cameroun est lui aussi situé sur le golfe de Guinée, à la charnière de l’Afrique centrale et de l’Afrique occidentale, il ne peut logiquement pas prétendre à intégrer l’Union européenne ou l’Alena (Accord de Libre Echange Nord Américain). Cela dit, tout militerait en faveur de sa candidature s’il se résolvait à devenir membre de la communauté ouest-africaine, la Cédéao, dont le PIB cumulé, en parité de pouvoir d’achat, en fait la 25ème puissance mondiale.

Il n’y a pas dans cette organisation de numerus clausus statutaire. La Mauritanie l’a quittée pour rejoindre l’UMA (l’Union du Maghreb Arabe), le mouvement inverse d’inclusion ou d’élargissement serait plutôt bien accueilli par ses membres permanents.

La Cémac brûle, ils regardent ailleurs

Si le panafricanisme devait se réaliser, il passerait par-dessus la tête des peuples de la Cémac ; et s’il s’y arrêtait, ce serait sans doute en raison d’une sorte de crash. L’Afrique centrale a échoué dans la création d’un marché intégré, le lancement d’une compagnie aérienne a passé ses forces, la BVMAC (Bourse des Valeurs mobilières) pour laquelle Omar Bongo et son homologue camerounais Paul Biya s’étaient fâchés n’a finalement jamais eu la cote, la libre circulation des biens et des personnes, c’est pas demain la veille qu’elle verra un début d’effectivité, bref rien à se mettre sous la dent.

Rien si ce n’est des bisbilles : X veut faire la peau à Y, X a sorti ses muscles pour faire valoir son droit, X croit que la Cémac est une fondation et que de ses bonnes œuvres émergera le développement de la Communauté, X est le plus gros débiteur de la Communauté et se fait accorder des prêts exceptionnels à la BEAC, etc.

Que peut Paul Biya, entouré qu’il est par des chefs de guerre ? Que peut-il sinon s’emmurer dans la stagnation ? Plus c’est pareil, plus il est heureux. Trois pays de la Cémac, le Congo, la RCA, et le Tchad, ferment le classement Doing Business 2011 de la Banque mondiale. En Afrique subsaharienne, sur les 46 pays considérés, le Cameroun occupe la peu glorieuse 31ème place, devant néanmoins la moitié des pays de la Cédéao. Il apparaît que la Cémac ne peut que la tirer vers le bas. L’on ne s’associe pas avec les plus mauvais si l’on veut être le plus performant.

La RCA (157ème PIB selon le World Economic Outlook Database, 2011 du FMI) par exemple fait ce qu’elle peut, mais n’exporte pas de produits à forte valeur ajoutée, le Cameroun (93ème économie mondiale) ne gagne strictement rien de son association avec ce beau pays, qui ne sert pas ses intérêts, dans le cadre de la Communauté. Alors, c’est priorité à gauche, c’est au Nigeria, c’est-à-dire à la Cédéao, que le Cameroun doit s’ouvrir.

Un mariage de raison

Si la Cédéao était le paradis que l’on imagine, la Mauritanie l’aurait réintégrée… C’est surtout au plan politique (bras séculier de la France) que les critiques sont les plus cinglantes, quand l’intérêt serait surtout économique, notamment pour les peuples tchadiens et camerounais.

La Cédéao, avec ses dictateurs tranquilles et ses démocraties parachutées à coups de canons, ne fait pas forcément envie au plan politique… Le Cameroun pourrait devenir membre de la Cédéao, sans intégrer l’UEMOA. Cette dernière est aussi parfaitement inutile que la Cémac, dont la seule véritable institution pérenne et unitaire est la BEAC. Au moment de la signature de l’accord intérimaire avec l’Union européenne (APE) et lors de la création de la DSX (Douala Stock exchange), le Cameroun avait déjà affirmé la valeur qu’elle attache à son indépendance et ses intérêts.

S’il faut donc considérer les seuls intérêts nationaux, il est grand temps de rejoindre une institution sérieuse, qui la dissuadera par exemple, de céder aux appétences des militaires pour le pouvoir, au cas où, après Paul Biya, ses fidèles auraient la mauvaise idée de faire un tour de passe-passe aux Camerounais. Car la Cémac est en feu et la prochaine Conférence des Chefs d’Etats sonnera la révolte ou la débâcle.

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