C’est la principale conséquence de la guéguerre entre la République centrafricaine et le Cameroun. La 11e session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat de la Communauté a fait ses adieux à Antoine Ntsimi, qui s’en va, selon les vœux les plus chers de François Bozize. Mais techniquement le président centrafricain est le grand perdant de ce sommet. Tout s’est joué entre Denis Sassou Nguesso et Paul Biya, c’est donc que le projet structurant visant à relier le Cameroun et le Congo, par un tracé routier direct, est aussi un axe diplomatique prometteur.
Ce ne sont pas les Chefs d’Etat en personne qui ont démissionné l’ancien ministre camerounais des Finances. Arrivé en fin de mandat, celui-ci aurait émis, auprès de Paul Biya, le souhait de quitter son poste, en raison notamment de la détérioration de ses rapports personnels avec les autorités centrafricaines. Lesquelles ne lui ont épargné ni un refoulement humiliant ni un lynchage médiatique « en règle » (façon de parler : le lynchage était sauvage).
Dont acte, des dispositions statutaires seront revues afin que nul à l’avenir ne puisse plus jamais durer au-delà d’un mandat unique, soit plus longtemps que le président sortant ! Une autre disposition venue d’on ne sait où pose que désormais un pays abritant le siège d’une institution communautaire ne pourra plus voir son ressortissant présider ladite institution : « non-cumul du poste et du siège » (Paul Biya).
Une législation sur mesure pour évacuer avec la manière les ambitions du président centrafricain pour ses protégés. Il s’agit de la part du Cameroun, d’un leadership intelligent, stratégique, respectueux de ses partenaires les plus respectueux. Le Cameroun a montré un détachement certain par rapport aux principaux postes de pouvoir, il a laissé exister les nouvelles puissances communautaires comme le Congo et la Guinée équatoriale et, grand seigneur, a accepté qu’une nouvelle aide de cinq milliards soit accordée à la RCA.
Quand les faits livrent leur version de la vérité
Une chance que les journalistes ne soient pas les juges. Qu’est devenue au juste la colère de Dov Zerah, patron de l’AFD, au sujet duquel Jeune Afrique nous annonçait des actions judiciaires contre Antoine Ntsimi ? A quoi ont servi toutes les révélations fracassantes et les vrai-faux scandales de gestion dont on a assené l’opinion publique de la Communauté ?
La Conférence dans son communiqué final du 25 juillet dernier est allée à l’encontre des jugements sommaires préalablement faits dans les medias au sujet de la Communauté et de ses responsables : « La Conférence a salué le travail accompli par l’ensemble des responsables sortants dans l’exercice de leur mandat. »
Quelques jours auparavant, la note d’information de la Commission relative a la gestion des finances publiques avait été approuvée sans réserves par le Conseil des ministres qui, dans son communiqué final du 22 juillet, indiquait : « traitant de l’état d’avancement de la mise en œuvre des directives de gestion des finances publiques, le conseil des ministres, tout en félicitant la Commission de la CEMAC pour la qualité du rapport produit, a pris acte de la note d’information produite ».
Qui va lentement va surement ?
Le paradoxe de la CEMAC est celui-ci que malgré ses institutions décriées pour leur inertie, ses chefs d’Etats réputés pour leur lenteur, elle est en fin de compte plus sure que la CEDEAO, aussi bien pour ce qui a trait a la sécurité des personnes (Boko Haram au Nigeria, guerre civile permanente en Cote d’Ivoire, Mali implosé, Guinée, Burkina Faso, etc.) que celle des investisseurs étrangers (le rapport Doing Business 2012 place le Cameroun et d’autres pays de la CEMAC devant la plupart des pays de la Cedeao).
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