Polygame et père de huit enfants, cinq filles et trois garçons, Cellou Bah (63 ans), est un musicien de rue à Dakar, au Sénégal. Il est originaire de Dougountouny, une ville rattachée à la préfecture de Mali, région de Labé, en Guinée. Son histoire est un peu singulière, puisqu’il aurait perdu la vue à l’âge de 20 ans, suite à une épidémie de rougeole qui sévissait à l’époque dans son village. Ne voulant pas s’adonner à la mendicité, il avait décidé d’apprendre à jouer le luth. Ce qui lui permet aujourd’hui de gagner sa vie.
Malgré sa cécité et son âge avancé, Cellou Bah continue de se battre pour subvenir aux besoins de ses deux épouses et de ses huit enfants, dont une partie est en Guinée et l’autre au Sénégal. Devenu musicien par la force des choses, il arpente tous les jours les grandes artères de la capitale sénégalaise, à la recherche de la communauté Haall Pulaar, à qui il raconte très souvent des histoires, en chantant des louanges et en jouant de son luth. La vie de cet homme a complètement basculé alors qu’il n’avait que 20 ans. Une rougeole la rendait ainsi aveugle à vie, mais le luth lui a redonné sa dignité.
« J’avais 20 ans quand j’ai perdu la vue, à cause d’une maladie qui sévissait dans notre village, à Dougountouny, à Labé. C’était la rougeole et j’avais des boutons partout sur mon corps. Au début, c’était traumatisant…. Je pensais que c’était fini pour moi, en perdant la vue. J’étais alors obligé de rester cloitré à la maison, je ne pouvais plus rien faire. Je ne pouvais ni aller aux champs, encore moins m’occuper des troupeaux de la famille. C’est à ce moment que j’ai découvert le luth. J’ai commencé à jouer à cet instrument, en racontant de petites histoires, qui plaisent aux gens. En retour, ils m’offraient un peu d’argent », a fait savoir Cellou Bah.
Quelques années plus tard, Cellou Bah, prend le chemin de l’immigration et se retrouve au Sénégal où il y a une forte communauté guinéenne et surtout Haal Pulaar. Il se marie et fonde un foyer. « Cela fait plus de 35 ans. que je suis arrivé au Sénégal. Aujourd’hui, j’ai deux femmes et je suis père de huit enfants, dont cinq filles et trois garçons. Dieu merci, j’arrive à m’occuper convenablement de mes deux familles, puisqu’une femme est ici à Dakar avec moi et l’autre est au village à Dougountouny. Comme vous pouvez l’imaginer, je fais la navette entre les deux pays, une fois par an », a révélé l’homme qui ne se plaint plus de la nouvelle vie qu’il mène déjà depuis plus de 43 ans.
Le luth, plus qu’un moyens de subsistance, est devenu une source de richesse pour Cellou Bah. Si son apparence trompe plus d’un, à cause de son accoutrement et du fait qu’il joue de la musique dans les marchés, ce sexagénaire non-voyant serait propriétaire terrien et possède un troupeau en Guinée. « L’instrument que vous voyez est fait à base de peau de gazelle et d’un bois de la forêt guinéenne. Il a cinq cordes et chacune a son importance. Il fait partie de notre tradition, en tant que Haall Pulaar du Fouta Djalon. Il m’a permis d’être automne depuis des décennies et je rends grâce à Dieu. En plus de me permettre de m’occuper de ma famille, il m’a permis d’avoir des terres un troupeau en Guinée », a ajouté Cellou Bah, toujours entouré par une foule, surtout lorsqu’il commence à psalmodier avec son luth.