Une manne financière de 8 900 milliards de dollars sera nécessaire pour répondre à la forte demande mondiale de gaz d’ici 2050. Derrière ces sommes colossales, des enjeux géopolitiques qui risquent d’exacerber la tension entre le Maroc et l’Algérie.
Le gaz naturel devrait jouer un rôle primordial dans la transition énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre, selon le Forum des pays exportateurs de gaz (GECF). Le rapport annuel du GECF prévoit une croissance de 34% de la demande mondiale de gaz naturel d’ici 2050, pour atteindre 5 360 milliards de m3. Cette croissance sera principalement tirée par l’expansion de la production d’électricité et l’urbanisation.
L’Afrique, un besoin de 1 100 milliards de dollars
Pour répondre à cette demande croissante, des investissements de l’ordre de 8 900 milliards de dollars seront nécessaires dans l’exploration et le développement du gaz naturel. L’Afrique, à elle seule, aura besoin de 1 100 milliards de dollars pour soutenir sa croissance dans ce domaine. Et dans ce lot émergent deux pays, futurs grands producteurs de gaz : le Sénégal et la Mauritanie. Deux pays qui semblent privilégier leurs relations.
Si le Sénégal ne cache pas sa « fraternité » avec le Maroc, la Mauritanie qui, elle vante sa neutralité entre le Maroc et l’Algérie, semble avoir une nouvelle posture. Un rapprochement enclenché entre Nouakchott et Alger, qui pourrait avoir des incidences dans la région de l’Afrique du Nord-Ouest. En ce sens que le Maroc a jeté son dévolu sur le gaz sénégalais, alors que l’Algérie fait les yeux doux à la Mauritanie.
Bataille de l’Afrique de l’Ouest
Bien que ne faisant pas partie du Forum des pays exportateurs de gaz, le Maroc, connu pour sa propension à exercer son influence démesurée pour préserver ses intérêts, jouera sa survie pour aider le Sénégal à décrocher une bonne partie de ces 1 100 milliards de dollars afin d’accélérer la production de gaz dans ce pays d’Afrique de l’Ouest. Lequel gaz devrait transiter par le Maroc pour être distribué en Europe. De même, l’Algérie jouera toutes les cartes en sa possession pour faire gagner à la Mauritanie une forte manne financière.
Le gaz naturel liquéfié (GNL) est appelé à jouer un rôle important dans la transition énergétique mondiale. Si on sait qu’il devrait dominer le marché du gaz, avec une part de 64% du gaz échangée d’ici 2050. Et que le gaz d’Afrique devrait représenter 70% des exportations mondiales de GNL à cette échéance, on peut facilement s’attendre à une montée de la tension déjà existante entre le Maroc et l’Algérie, deux pays voisins en Afrique du Nord.