Jusque-là neutre dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le Maroc aurait livré des chars à Kiev. Le royaume chérifien devient ainsi le premier pays africain à envoyer des armes à l’Ukraine. Qu’est-ce qui a motivé cette décision de Mohammed VI ?
Le Maroc est le premier pays africain à envoyer des armes lourdes en Ukraine. Il s’agit de 20 chars de combat T-72B. Ces engins passent par une mise à jour technique en République tchèque. Ainsi, le Maroc opère un important virage. Option qui lui vaut un rapprochement avec l’Union Européenne et les États-Unis. Alice Gower, du cabinet de conseil Azure Strategy, voit en cette grosse décision une stratégie adoptée par Rabat.
Appeler à l’aide les puissances occidentales si…
« Les tensions actuelles et de longue date avec l’Algérie voisine ont sans aucun doute influencé les calculs de Rabat », estime la directrice de la géopolitique et de la sécurité. Elle admet toutefois que « ce geste témoigne d’une rupture claire et d’une décision du Maroc de se ranger notamment du côté des États-Unis et de l’Union Européenne ». Rappelant au passage que l’Algérie est « l’un des plus proches alliés africains de Moscou ».
« Cela marque un revers dans les tentatives de la Russie de garder le continent à ses côtés, ou du moins neutre, en particulier au sein de l’ONU », ajoute-t-elle. « Le Maroc a un petit levier pour appeler à l’aide les puissances occidentales au cas où l’influence de Moscou en Algérie deviendrait inconfortable », a ajouté celle dont le cabinet de conseil est basé à Londres.
Livraison de chars, un revers pour la Russie
Notons que dans leur approche par rapport au conflit russo-ukrainien, la plupart des États africains ont été prudents. Ils se sont soit abstenus ou ont rejeté les différentes résolutions de l’ONU qui condamnent la Russie. Parmi les pays qui se sont abstenus, le Maroc. Notamment lors du vote aux Nations Unies, l’an dernier, pour dénoncer l’invasion russe. Alice Gower estime que ces livraisons d’armes marquent aussi un revers pour les tentatives de la Russie de faire de l’Afrique son alliée.
En posant cet acte, « le Maroc se voit comme une puissance régionale et un acteur très important et incontournable en Afrique. Un partenaire moderne et efficace si on opère selon ses conditions, mais aussi aux avant-postes pour les énergies renouvelables », Isabelle Werenfels, experte en question de sécurité et relations internationales. Par cet acte, le Maroc tente de réchauffer ses relations avec l’Europe. Après avoir été cité dans le scandale de corruption au Parlement européen.