La situation dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) a pris une tournure dramatique, ces derniers mois, alors que le groupe rebelle M23 a réussi à prendre le contrôle de Goma, une ville stratégique située dans la province du Nord-Kivu. Cette avancée du M23, soutenu par le Rwanda, a exacerbé les tensions régionales et attiré l’attention de la communauté internationale, y compris des États-Unis, de l’Union Européenne (UE) et de l’Union Africaine (UA), qui s’efforcent de trouver une solution à ce conflit dévastateur.
Le M23, un groupe rebelle formé par des membres de l’ex-Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), a refait surface en 2012 avant d’être temporairement mis en déroute. Toutefois, depuis 2021, le groupe a repris les armes, menaçant la stabilité de la région du Kivu et commettant de graves violations des droits humains. Son avancée, et en particulier la prise de Goma, a non seulement intensifié les combats, mais aussi plongé la région dans une crise humanitaire, avec des milliers de déplacés cherchant refuge dans des conditions précaires.
Contrôle du M23 sur la ville de Goma
L’impact de cette prise est considérable. Goma est une ville clé sur le plan stratégique et économique. Son emplacement à proximité de la frontière avec le Rwanda et l’Uganda en fait un carrefour essentiel pour les échanges commerciaux et une base d’opérations pour les acteurs régionaux. Le contrôle du M23 sur cette ville a renforcé les accusations de soutien direct du Rwanda à ce groupe armé. Bien que Kigali ait toujours démenti toute implication, des rapports de l’ONU et d’organisations internationales ont mis en évidence des preuves de soutien militaire et logistique de la part du Rwanda au M23.
Ce soutien présumé a jeté une ombre sur les relations entre la RDC et son voisin rwandais, déjà tendues en raison de conflits passés et d’accusations réciproques de soutien à des groupes rebelles. Face à cette escalade, la diplomatie internationale s’est mobilisée. Le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, a exprimé les préoccupations de son pays concernant la prise de Goma et l’aggravation du conflit. Lors d’un entretien avec le Président rwandais Paul Kagame, Rubio a dénoncé l’implication du Rwanda dans les actions du M23 et a appelé à un cessez-le-feu immédiat dans la région.
Respect total de l’intégrité territoriale de la RDC
Le secrétaire d’État a réaffirmé la position des États-Unis : un respect total de l’intégrité territoriale de la RDC et un retour à la table des négociations. Washington a souligné l’importance d’un cessez-le-feu durable et d’un processus de paix qui tienne compte des préoccupations sécuritaires tout en soutenant une coopération économique régionale. Les États-Unis ont aussi réitéré leurs avertissements au Rwanda, non ans avertir qu’un soutien continu aux rebelles ne ferait qu’aggraver la situation. En plus de la pression exercée par les États-Unis, l’Union Européenne a intensifié ses efforts diplomatiques pour résoudre le conflit.
Bruxelles a exprimé son inquiétude face à l’impact humanitaire de la guerre dans l’Est de la RDC et a plaidé pour une solution politique au sein de l’Organisation des Nations Unies (ONU). L’UE a mis en place des sanctions ciblées contre les dirigeants du M23 et a renforcé son soutien humanitaire à la population civile affectée par les combats. De plus, l’UE a intensifié ses appels à la fin du soutien rwandais aux rebelles et a proposé de faciliter les pourparlers de paix sous l’égide des Nations Unies, visant à rétablir la stabilité dans la région des Grands Lacs.
Implication de l’Union Africaine pour apaiser les tensions
À l’échelle continentale, l’Union Africaine (UA) a également pris des mesures pour apaiser les tensions. L’organisation panafricaine a condamné la prise de Goma et a appelé à une résolution pacifique du conflit en RDC. L’UA a proposé de coordonner les efforts de médiation entre les parties prenantes et de mobiliser des forces de maintien de la paix pour protéger les civils. En mai 2023, l’UA a soutenu la création de la Force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) pour intervenir dans l’Est de la RDC, avec pour mission de stopper les avancées des groupes rebelles, y compris le M23.
Cependant, l’efficacité de cette force a été mise en doute face à l’aggravation du conflit et aux accusations de soutien externe aux rebelles. Le soutien présumé du Rwanda au M23 reste un obstacle majeur aux négociations, et la méfiance entre la RDC et le Rwanda est à son comble. Le Président congolais Félix Tshisekedi a insisté sur la nécessité de tenir Kigali responsable de ses actions, tandis que le gouvernement rwandais continue de nier toute implication. En parallèle, les souffrances humaines dans l’Est de la RDC s’intensifient avec des milliers de civils tués ou déplacés et des violences continues.