L’explosion qui a détruit lundi soir la moitié du site gazier de Skikda, en Algérie, a selon un bilan provisoire causé la mort de 27 personnes et fait près de 72 blessés. Les autorités algériennes écartent tout risque de pollution et rassurent leurs clients étrangers sur leur capacité à assurer les livraisons de gaz.
L’Algérie a connu lundi soir sa plus grande catastrophe industrielle depuis l’indépendance. Vers 18h40, une explosion a retenti dans le complexe de gaz naturel liquéfié (GNL) de Skikda, à 500 km à l’est d’Alger, faisant voler en éclats les vitres des habitations d’une grande partie de la ville, selon Le Matin. Le quotidien explique que la population est sortie dans la rue, croyant à un tremblement de terre, avant d’apercevoir un nuage opaque sur les hauteurs de la ville. Le bilan provisoire, établi mardi par le ministère de la Santé, fait état de 27 morts et de 74 blessés, dont 43 ont déjà quitté les hôpitaux de la région. La majorité des victimes sont des salariés de la plate-forme gazière, qui emploie 12 000 personnes. L’incendie qui a suivi l’explosion a été maîtrisé vers 04h00 mardi matin. Deux cellules de crise ont été mises sur pied : l’une au siège du ministère de l’Energie et des Mines, l’autre à la direction de l’entreprise publique pétrolière Sonatrach.
Le ministre de l’Energie Chakib Khelil, arrivé mardi matin sur les lieux, a expliqué que les causes de l’explosion n’étaient pas connues et que les opérations se poursuivaient pour retrouver d’autres corps « sous les décombres ». Le Président Abdelaziz Bouteflika, en déplacement dans l’Est algérien, l’a rejoint mardi en fin de matinée.
Une « chaudière défectueuse »
Selon un responsable de la sécurité de l’unité de Skikda, qui s’est exprimé mardi sur la radio nationale, l’explosion pourrait avoir été causée par une « chaudière défectueuse ». Celui-ci explique avoir entendu des « bruits bizarres d’une chaudière, suivis d’une explosion ». Il a également précisé que l’état défectueux de la machine avait été signalé dans un rapport, il y a plus d’un an, et que celle-ci avait été « réparée superficiellement ». Incendie, explosion ou fuite de gaz, la presse algérienne rappelle que plusieurs incidents ont touché les plates-formes pétrochimiques de Skikda, de Bethioua ou encore d’Arzew, l’année dernière, entraînant parfois la mort.
Ces incidents avaient alors conduit à la mise sur pied d’une commission d’enquête ministérielle, précise Le Quotidien d’Oran. La Sonatrach avait également institué les premières journées techniques HSE (hygiène – sécurité – environnement) d’Arzew (600 km à l’ouest d’Alger), afin de s’ouvrir aux citoyens algériens et de protéger son image. A cette occasion, le PDG de l’entreprise publique, Meziane Mohamed, avait imputé la série d’incidents à des erreurs techniques. Il avait également pointé une baisse de la qualification, notamment due au départ à l’étranger de cadres et de techniciens. « Il faut développer la politique de prévention avec la participation de l’ensemble des travailleurs pour aboutir au risque zéro. Nous sommes conscients qu’il y a beaucoup à faire dans ce domaine », avait-il expliqué au Quotidien d’Oran.
Le gaz sera livré
En ce qui concerne les conséquences de la présente catastrophe, les autorités algériennes ont expliqué que tout risque de pollution était écarté. Elles se sont également empressées de rassurer leurs clients étrangers. Chakib Khelil a expliqué que la production algérienne de GNL allait certes être perturbée, mais qu’une « partie » de celle de Skikda allait être compensée par celle d’Arzew – qui produit déjà 77% du GNL du pays. L’Algérie tire 96% de ses recettes en devises des hydrocarbures. Du pétrole, mais également du gaz, dont le GNL représente 45%, selon des chiffres officiels rapportés par l’AFP. Soit près de 5 milliards de dollars. Vingt-trois pour cent du GNL algérien provient du site de Skikda. Dans la nuit de lundi à mardi, trois unités de liquéfaction sur six y ont été détruites.