Situation paradoxale à Casablanca. La vitrine économique du Maroc se révèle incapable de collecter ses ordures ménagères. Et pendant que les autorités locales se renvoient la balle, les déchets s’amoncellent au coin des rues.
Casablanca » la blanche » ne mérite plus son nom. La ville croule depuis quelque temps sous des amoncellements d’ordures ménagères qui attendent le bon vouloir des autorités locales. Odeurs nauséabondes, eaux polluées et déchets jonchant les trottoirs et la voirie, les habitants doivent éviter les obstacles et se boucher le nez pour circuler dans certains quartiers de la ville. Et si une grève des agents du service de nettoiement survenue le 30 avril a sans doute aggravé la situation, on admet sans peine à la communauté urbaine de Casablanca, chargée de la collecte des ordures ménagères, que le problème est permanent.
Ces insuffisances ne sont pas propres à Casablanca. Un colloque sur l’assainissement solide et liquide a fait connaître hier ses conclusions : sur les 15 millions de tonnes de déchets produits chaque année au Maroc, seules 60% sont ramassées, 5 stations d’épuration sur 50 sont opérationnelles, et les experts estiment à 100 milliards de dirhams (10 milliards d’euros) l’investissement nécessaire dans les cinq ans à venir. Le paradoxe n’en reste pas moins entier pour Casablanca, capitale économique du Maroc, qui se targue d’être la vitrine du développement marocain et dispose d’un budget bien plus important que n’importe quelle autre agglomération du pays.
A qui la faute ?
La situation est devenue si préoccupante pour l’hygiène et la santé publique que le wali du Grand Casablanca – le gouverneur de la région- Driss Benhima, vient d’adresser une lettre ferme à la communauté urbaine. Il y relève l’inconséquence des élus et les met en demeure de remplir leurs obligations dans la collecte des déchets, sur laquelle la wilaya (la mairie) qu’il dirige n’a aucun pouvoir.
De leur côté, les habitants de Casablanca, interrogés par le journal Le Matin, tiennent chacun leur coupable. Des voisins peu scrupuleux pour les uns, des services municipaux inefficaces pour les autres. Le wali enfin pour certains qui, dans son plan d’embellissement de la ville, a commencé par empêcher la prolifération des terrasses de café et des taxis avant de se préoccuper de la collecte des ordures. Mais tous s’accordent à regretter le bon vieux temps où chaque quartier avait son préposé au ramassage.
Pendant ce temps, à la communauté urbaine, on souligne que selon les communes -Casablanca en compte 27- un budget plus ou moins important est alloué à la collecte des déchets. Ce qui explique la propreté de certains quartiers et l’insalubrité des autres. Et on s’en remet totalement à une hypothétique privatisation, qui, assure-t-on, fera merveille.