Trente-deux ans après 1974, l’Allemagne organisera à nouveau la coupe du monde de football en 2006. Soixante-dix ans après le premier Mondial, celui de 1930, l’Afrique attend toujours d’être reconnue par un sport qui se veut universel. C’est absurde, injuste, décourageant, écoeurant.
Le football n’est qu’un jeu ? Oui, bien sûr. Mais c’est le seul dont la fédération internationale, la si pompeuse FIFA, entend être traitée avec la dignité d’un Etat. Le seul qui bénéficie, dans ses grands sommets, de l’assistance des puissants du monde entier. Le seul qui se prenne et que l’on prenne tant au sérieux. Parce que le foot appartient à tout le monde, parce que le foot est le fait de tout le monde, porteur d’abîmes de corruption et de purs moments d’émotion, susceptibles d’être partagés sur toute la surface de la planète.
Nous ne faisons pas partie, à afrik.com, de ceux qui se détournent du spectacle, au contraire. Nous vibrons football, comme dit la pub. Mais nous n’en sommes pas dupes non plus. Nous constatons qu’en refusant à l’Afrique l’organisation de son premier Mondial, les autres continents l’excluent, de fait, du concert mondialisé du seul » sport global « . Bref, l’Afrique est traitée en mineure, une fois de plus.
Heureusement, une autre analyse est possible. Elle n’enlève rien à la déception des candidatures marocaine et sud-africaine. C’est une analyse, finalement plus journalistique, qui s’attache de près au déroulement de cette sélection pour le Mondial 2006. Premier fait : Sepp Blatter et Michel Platini, les grands patrons de la FIFA, ont dit et répété que le tour de l’Afrique était venu, et qu’il n’y avait vraiment aucune raison pour que le continent où le foot est le plus populaire, le continent du beau jeu reste plus longtemps en dehors.
Deuxième fait : il est notoire que l’Allemagne a fait campagne, en Asie surtout, avec un carnet de chèques et un stylo. Depuis des semaines, les dépêches se sont succédées, annonçant des contrats mirobolants conclus entre la fédération allemande et celles de pays pauvres.
Troisième fait : si le Maroc s’est assez logiquement incliné au premier tour (lire l’article de Falila Gbadamassi en rubrique Sport), la Rainbow nation n’a été battue que d’une voix par son concurrent européen.
Le sport universel est devenu un sport global. En refusant, au dernier moment, de l’admettre, les grands pontes de la FIFA se sont mis eux-mêmes hors-jeu.