Le Cap-Vert est devenu le troisième pays d’Afrique où le paludisme est officiellement considéré comme éradiqué. Pour autant, la maladie continue d’endeuiller le continent africain, avec des milliers de décès, chaque année.
Avec environ 500 000 habitants, le Cap-Vert a une nouvelle fois réussi à éradiquer le paludisme, a indiqué l’Organisation mondiale de la Santé. Cet État insulaire devient ainsi le troisième pays africains à avoir éradiqué la maladie, après l’Île Maurice en 1973 et l’Algérie en 2019. Une certification décernée par l’OMS qui évoque un « succès significatif en matière de santé globale ».
Un sujet de santé nationale
Le Cap-Vert avait déjà éradiqué la maladie à deux reprises, notamment en 1967 et 1983. Sauf que des erreurs ultérieures avaient conduit au retour de la maladie dans cet archipel de l’océan Atlantique. Seulement, les autorités sanitaires avaient réussi, depuis la fin des années 1980, à confiner le paludisme dans deux îles : Santiago et Boa Vista. Aujourd’hui, le combat est gagné.
Il aura fallu du temps pour avoir des résultats. Puisque c’est en 2007 que le Cap-Vert a décidé de faire du paludisme un sujet de santé nationale. Un plan stratégique pour la période 2009 – 2013 avait alors été mis en place. Un diagnostic élargi, des traitements plus précoces et la gratuité des soins dispensés aux étrangers, tels étaient les points focaux. Des mesures qui ont permis d’éradiquer la maladie à Santiago et Boa Vista.
« Éliminer le paludisme est un objectif atteignable »
Pour avoir fourni la preuve que la chaîne de transmission domestique par les moustiques avait été interrompue à l’échelle nationale, depuis trois ans, le Cap-Vert a obtenu la certification de l’OMS. « Éliminer le paludisme est un objectif atteignable », a indiqué Matshidiso Moeti. Il faut « une volonté politique forte, des politiques efficaces, un engagement communautaire et une collaboration multisectorielle », a déclaré la directrice de l’OMS pour l’Afrique.
Pour Matshidiso Moeti, « la réussite du Cap-Vert est un rayon d’espoir pour la région africaine et au-delà ». La directrice régionale estime que l’éradication de la maladie « pourrait attirer davantage de visiteurs et stimuler les activités socio-économiques dans un pays où le tourisme représente environ 25% du PIB ». Des avancées saluées par le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
« Rêver d’un monde sans paludisme »
« Ce succès, après d’autres, nous fait espérer que, grâce aux outils existants ou nouveaux, notamment les vaccins, nous pouvons nous prendre à rêver d’un monde sans paludisme », renchérit le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. La certification a été réceptionnée par le Premier ministre cap-verdien, Ulisses Correia e Silva, vendredi, à Praia, la capitale.
Le paludisme est transmis à l’être humain essentiellement par les piqûres de certains types de moustiques femelles infectés. La maladie, qui sévit principalement sous les Tropiques, peut aussi se transmettre par transfusion sanguine et par des aiguilles contaminées. En 2022, le paludisme a tué 600 000 personnes dans le monde dont 95% sur le continent africain.