Alors que se profile à l’horizon la COP21, la conférence mondiale sur le climat qui se tiendra à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, les pays d’Afrique, particulièrement touchés par le réchauffement climatique, font entendre leur voix. Parmi eux, la République du Congo, qui a fait du développement durable un axe majeur de sa stratégie de croissance, devrait jouer les premiers rôles.
En République du Congo, nombreuses sont les entreprises à avoir fait le choix de se lancer dans le secteur de l’économie verte. Parmi elles, Planetic, un groupe d’entreprises « d’impact social et environnemental ». Interview de son fondateur et président, Benjamin d’Hardemare.
AFRIK.COM : Pourquoi Planetic a-t-elle choisi de commencer ses activités en créant une filiale au Congo-Brazzaville dès 2010 ?
Benjamin d’Hardemare : Nous voulions commencer par des projets de reforestation à fort impact social et environnemental. Cela pouvait se faire dans beaucoup de pays mais nous avons trouvé au Congo un directeur technique très compétent – Adolphe NKouossa – avec qui nous avons très vite élaboré des projets innovants qui ont tout de suite intéressé des grands groupes comme Total et Eni.
Nous avons ensuite diversifié nos activités dans le secteur de l’accès à l’énergie qui, comme la reforestation, est un levier essentiel de la lutte contre le changement climatique, objet de la COP21 à Paris.
AFRIK.COM : En quels termes se pose aujourd’hui la problématique de l’accès à l’énergie au Congo ?
Benjamin d’Hardemare : La consommation d’énergie au Congo repose beaucoup sur le bois de chauffe et le charbon, donc accentue la pression sur la déforestation. Concernant la consommation d’électricité, la moitié de la population n’y aurait pas accès par le réseau, en particulier dans les zones rurales. Cette électricité provient essentiellement du gaz et de l’énergie hydraulique et dépend donc de réseaux de distribution centralisés.
Pour augmenter l’accès à l’électricité et la rendre la moins polluante possible, il faut développer les énergies renouvelables décentralisées, typiquement les mini-réseaux villageois basés sur l’énergie solaire, stockée dans des batteries et payée au fur et à mesure de la consommation, comme des recharges téléphoniques (système du pay as you go). Ces systèmes rendent le paiement plus accessible aux plus pauvres (le « bas de la pyramide »).
Une prise de conscience s’opère actuellement au Congo en ce sens, tant de la part des acteurs publics que privés. J’ai donc bon espoir pour la suite.
AFRIK.COM : Quelle est votre stratégie commerciale en terme d’accès à l’énergie.
Benjamin d’Hardemare : Nous avons commencé par distribuer la lampe solaire portable avec recharge téléphonique de Schneider Electric car c’est un produit pratique, solide et moins cher que la concurrence. Certains de nos clients nous ont ensuite demandé d’installer des équipements solaires. Nous préparons donc une offre efficace pour répondre à leurs attentes.
AFRIK.COM : Quelles sont, à l’avenir, vos perspectives de développement ?
Benjamin d’Hardemare : Forts de notre connaissance de terrain, nous avons conçu avec Antoine de Pins, notre directeur « accès énergie », une nouvelle lampe solaire portable équipée d’une recharge téléphonique, qui est la plus écologique qui soit et dont l’essentiel des composants pourront être à terme produits en Afrique. Nous rêvons de créer une usine au Congo pour ce faire, même si cela pourrait prendre du temps.
AFRIK.COM : Quelles ressources comptez vous mobiliser au Congo pour mettre en œuvre vos projets ?
Benjamin d’Hardemare : Depuis 6 ans, j’ai rencontré des personnes très compétentes au Congo, avec qui monter de très bons projets d’impact social et environnemental. La prise de conscience des décideurs est également un atout essentiel. Au-delà des ressources humaines, le Congo a également des ressources naturelles dont l’exploitation peut participer à un développement économique phénoménal, mais qui aura besoin notamment d’opérateurs comme Planetic Congo pour le rendre encore plus équitable, écologique et donc durable.
Propos recueillis au Congo par Adrien Seyes