La cuvée 2007 du Festival de Cannes n’aura pas fait une grande place à l’Afrique… Aucun réalisateur africain en compétition officielle! Derrière les paillettes, la sombre réalité : notre cinéma est sinistré.
Triste constat : à arpenter les fêtes joyeuses et libérées d’un Festival de Cannes qui est de plus en plus un vaste défouloir des instincts primaires, amour gloire et beauté, on croise peu de techniciens, réalisateurs, producteurs africains. « Vous n’êtes pas dans les bons réseaux« , me dit cette attachée de presse consternée par la blancheur très anglo-saxonne de son « dance floor« .
Mais les fêtes de Cannes sont pourtant bien à l’image de la sélection officielle : aucun réalisateur africain… Et la seule image d’Afrique que l’on tolère ici, au saint des saints de l’art cinématographique contemporain, c’est celle que peut fabriquer un réalisateur américain, lorsqu’il tourne sa caméra vers notre continent. Un peu court.
Bien sûr, me dira-t-on, il faut compter avec les autres sélections, avec Un Certain Regard, avec les Cinémas du Sud, avec le Village international. Certes, mais c’est toujours une manière de nous tenir dans l’antichambre. Comme si le cinéma des Africains n’était pas digne du tapis rouge, de la montée des marches, de la grande porte du Palais. On le cantonne en haut des marches bleues…
A qui la faute? Peut-être à nous-mêmes, qui n’avons pas réussi à imposer, dans nos pays, la conscience que l’effort à réaliser pour aider la production de cinéma était indispensable pour faire figurer notre imagination et nos valeurs sur les écrans du monde entier.
Au moment où les images se mondialisent, l’Afrique doit faire l’effort de se doter d’un cinéma indépendant, nouveau, libre expression de sa sensibilité et de son énergie vitale! Nous pouvons faire des images à couper le souffle, à condition que nous nous libérions et que nous trouvions en nous-mêmes la ressource de créer. Pour qu’enfin les images d’Afrique crèvent l’écran, et sortent de l’ombre.